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saccagé, privé de tout cheptel, les voies ferrées mises hors de service, les ponts, souvent sur de grandes rivières, détruits par centaines.

C’est sous la pression de cette terrible situation que l’on a traité, à la Conférence de la Paix, puis à la Conférence des ambassadeurs des grandes Puissances, toutes les questions de Pologne, tandis que la propagande allemande luttait pied à pied contre les intérêts polonais avec la ténacité et l’acharnement que l’on sait.

Pendant quelques heures, en mars 1919, Dantzig, la Mazourie et la Haute-Silésie ont été donnés à la Pologne. L’obstination de M. Lloyd George, sa pression personnelle les lui ont fait retirer.

Dantzig a été définitivement constituée en ville libre, mais son gouvernement est en majorité composé d’Allemands de l’Empire, non natifs de la ville, qui songent moins à ses intérêts qu’à ceux de la plus grande Allemagne.

La Mazourie a été appelée à un plébiscite dans des conditions odieuses, sous la pression de toutes les autorités prussiennes, gendarmes, maîtres d’école, pasteurs, hobereaux propriétaires du sol jadis volé aux paysans par la conquête des chevaliers teutoniques. Ce plébiscite, on l’a fait au moment où l’invasion bolchéviste battait son plein, portait en Pologne le pillage et le désordre. Et l’on a laissé concourir au vote, comme on l’a vu depuis en Haute-Silésie, la foule des soi-disant émigrés, fonctionnaires ou fils de fonctionnaires n’ayant rien de commun avec le pays quitté par eux depuis longtemps sans esprit de retour. Quoi d’étonnant qu’il n’ait pas été favorable à la Pologne ?

Ce même processus, nous l’avons revu dans le plébiscite de Haute-Silésie, et l’on reste stupéfait des singulières assertions historiques et ethnographiques de certaines hautes personnalités anglaises à propos de la population de cette province. Malgré toutes les indications du Traité de Versailles disant que le partage se fera par zones selon les résultats du vote, nous entendons chaque jour encore le Gouvernement du Reich soutenir la thèse que la Haute-Silésie est un tout impossible à fractionner et que ce tout devait revenir à l’Allemagne.

Cependant, malgré toutes les difficultés qui se dressent autour d’elle, la Pologne est viable et susceptible d’avenir dans tous les domaines.

L’histoire nous montre qu’elle a été pendant tout le Moyen-Age