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un grenier à céréales qui nourrissait les pays scandinaves, l’Allemagne, et exportait jusqu’en Angleterre ? Pourquoi ne reverrions-nous pas cela de nouveau ? La Posnanie avait avant la guerre les plus beaux rendements agricoles de toute l’Allemagne, grâce au savoir-faire et à l’expérience des propriétaires polonais. Les mêmes méthodes se répandront dans l’ancienne Pologne russe, qui aura des disponibilités considérables : il suffira de pouvoir les exporter par Dantzig.

Les tissages de Lodz avaient dans la Russie un débouché illimité. Que l’ordre s’y rétablisse, et ce marché se rouvrira.

Le bassin de Dombrowa, grandi de la partie de la région industrielle haute-silésienne attribuée à la Pologne, donnera le charbon et le fer.

La Galicie donne le pétrole, et ses exploitations sont encore susceptibles d’un grand développement.

Les forêts sont immenses et leurs ressources, malgré l’exploitation à blanc que les Allemands ont essayé d’en faire, restent considérables. Les bois de construction et d’industrie, la pâte à papier seront demain une source de richesse.

Il suffira de quelques années de paix pour que la situation économique et financière s’améliore rapidement.

La valeur intellectuelle des Polonais est remarquable.

Gênés par l’administration russe et allemande, les étudiants polonais n’avaient pas, sauf en Autriche, d’universités où les cours fussent faits dans leur langue. Mais en Allemagne comme en Russie, malgré la mauvaise volonté des Gouvernements, beaucoup faisaient en allemand ou en russe des études brillantes. D’autres venaient en France, en Suisse, en Belgique, suivre les cours des universités étrangères et y obtenaient de beaux succès. Nombreux étaient les professeurs, les savants, les ingénieurs polonais, et leurs différences d’origine leur ont assuré une culture d’une variété peu commune. L’obligation où ils ont été de tout temps de cultiver les langues étrangères, a rendu singulièrement réceptif, délié et souple, leur esprit naturellement fin.

De fait, dès la reconstitution de la Pologne, ses universités, anciennes ou de nouvelle création, se sont peuplées de professeurs dont beaucoup ont un renom justifié, et de milliers d’élèves ardents à l’étude.

Dans le domaine militaire, le passé est un garant de l’avenir. Sans vouloir remonter aux temps légendaires, ni même à Jean