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à peu près régulièrement, de six mois en six mois, dans la Revue des Deux Mondes la publication de ses Nouvelles Lettres sur l’ Histoire de France. Successivement avaient ainsi paru la quatrième, la cinquième et la sixième ; l’histoire de Prætextat, celle de Leudaste, comte de Tours, et celle du juif Priscus. On a dit tout le succès qui les avait accueillies. Toutefois, dans ce concert d’éloges, quelques voix avaient détonné. Certaines, incriminant le tour anecdotique et pittoresque donné à ces récits, avaient paru suspecter leur valeur scientifique, insinué qu’elles n’étaient au fond que de « charmantes historiettes «  sur les Mérovingiens.

Or, nul reproche ne pouvait plus sensiblement atteindre leur auteur. S’il s’appliquait à rendre attrayante la reconstitution du passé, sous la profonde connaissance des faits particuliers, il prétendait en même temps à l’intelligence supérieure de l’ensemble. Dans ces Nouvelles Lettres sur l’Histoire de France, dont il décida de modifier dès lors le titre en celui de Récits des Temps Mérovingiens, il avait cherché à mettre en relief, par une suite de tableaux épisodiques, les types variés de la société gallo-franque, à faire revivre et se mouvoir des individualités caractéristiques, mais effacées, perdues dans les grandes masses de l’histoire. Il résolut donc, pour justifier le point de vue auquel il s’était placé pour présenter le VIe siècle et pour mettre le dernier sceau à sa grande entreprise de réforme historique, de reprendre ses anciennes études, pour les compléter et les amender tour à tour. Exposant les systèmes historiques qui s’étaient succédé depuis trois siècles, tantôt blâmant et tantôt approuvant, faisant la part de ses propres erreurs, il signalerait à l’ardeur et au travail des jeunes générations, certains points demeurés obscurs de notre histoire nationale et tracerait l’édifice d’une vaste histoire de France, léguant à l’avenir l’exécution de cette idée.

Tel fut l’objet des Considérations sur l’Histoire de France, où pour la première fois Augustin Thierry expose en système ses théories sur les races et l’origine du Tiers-Etat et dans lesquelles l’extension donnée à l’historique du régime municipal, annonce également ses travaux ultérieurs.

Lorsqu’elles parurent ici-même [1], on s’aperçut d’un changement

  1. 15 décembre 1838 et 1er Janvier 1839.