Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ardent que je forme pour vous, monsieur, et dont je vous prie de recevoir ici l’expression de

« Votre affectionnée,

« Hélène. »


De son côté, la reine Marie-Amélie chargeait M. Borel de Brétizel d’ « une mission verbale expresse. » Sa Majesté, écrivait le secrétaire des commandements, « ne veut pas que vous ignoriez sa profonde et cordiale sympathie pour un malheur qui était inattendu pour vous, lorsqu’il ne l’était déjà plus pour ceux qui vous entouraient. »

Enfin, de la liasse des lettres émues, plusieurs signées de noms célèbres, qui forment ce lugubre dossier, je veux encore citer celle-ci adressée par Guizot, cet autre veuf toujours inconsolé :


« Auteuil, dimanche, 23 juin 1844.

« Mon cher Augustin, je ne vous ai pas écrit au premier moment. Je connais trop la vanité de toutes les paroles tombant sur la plaie toute vive. La vôtre ne guérira pas ; mais vous vous résignerez à la porter. Que puis-je faire pour vous y aider ? Dites-le-moi, car je voudrais le savoir. Nous vivons bien séparés, mais mon amitié pour vous est entière. Je sais bien bon gré à la princesse Belgiojoso de ses soins pour vous. Elle est bonne, mérite très rare au fond, et quand on veut autre chose que les airs de la bonté. J’ai de vos nouvelles, mon pauvre ami, mais faites-m’en donner vous-même. Adieu, ma mère et mes enfants sont très occupés de vous. Ils vont bien, grâce à Dieu, mais j’ai complètement perdu le sentiment de la sécurité.

« Adieu et mille vraies amitiés.

« GUIZOT. »


L’atroce rigueur du coup qui l’abat, l’étendue de sa perte, intensité de son chagrin, la douceur et la joie que sa femme avait répandues sur sa vie, Augustin Thierry les crie avec une éloquence désespérée, dès qu’il est capable de rassembler deux idées et de dicter une ligne.

Sa réponse à la Duchesse d’Orléans a presque l’allure et la véhémence d’une protestation.


« Madame,

« Vous connaissez la douleur et la plus extrême douleur ;