notables qui lui semblaient accessibles à toute sorte d’arguments. Sa liste est l’œuvre d’un garçon qui a l’air de bien connaître le cœur humain. A Castres, il y a M. Baux : « Extrêmement intéressé ; il lui faudrait un établissement pécuniaire. » A Montauban, M. Gaillard : « Ambitieux ; et il lui faudrait quelque dignité honorable, car il a du bien. » Dans la même ville, M, Bonnefous : « simple et pauvre, qui donnera à tout. » Un habitant de Saint-Affrique, » éloquent, agréable et galant : » il serait propre à un emploi de cour, chez la reine. A Pont-Camaretz, un avare : « il faudrait l’exempter de tailles ou l’anoblir avec pension. » Celui-ci, de Saint-Antonin, bonhomme et sage, donnez-lui des établissements pour ses enfants. Celui-là, de Réalmont, railleur et plaisant, qui n’a point de cupidité, son rêve serait de fréquenter le grand monde : il faut l’y mener. Un calviniste de Puylaurens, mais pieux et bienfaisant, on l’emploierait dans l’administration des hôpitaux et dans les bonnes œuvres. En divers endroits, il y a des gourmands : il faut leur procurer la bonne chère. M. de Croix, à Uzès : « Il se pique d’éloquence et d’érudition : « nommez-le « avocat du roi dans quelque juridiction subalterne. » M. Costabadie, de Clérac, est un « homme de poésie latine : le faire professeur royal. » Un antre est « prenable partout ; » un autre, fort débauché, » se contenterait de pensions raisonnables ; » un autre est « prenable par les caresses ; » un autre « serait fort combattu, si l’on avançait ses enfants et qu’on mariât ses filles, etc. » Désistes d’Infrenville était un moraliste désabusé. Il n’avait d’illusions que dans la pratique : on lui refusa son projet de conversion très onéreux.
Claude Cochin était à la guerre, au mois de juillet 1916, quand il apprit la mort de son cousin... Je réunis et mêle un peu l’érudition, la guerre, les travaux du savant, les sentiments du soldat : c’est l’un des caractères d’une si courte destinée, si remplie, d’avoir tous ses épisodes serrés et drus les uns contre les autres... Il écrivait, le 9 juillet, sur la mort d’Augustin Cochin : « C’est une histoire admirable et tragique que celle d’une vie nourrie d’idées presque géniales, souffrant d’aspirations douloureuses vers un idéal complet, se jetant avec une sorte d’amère jouissance sur le chemin héroïque où règne la mort. Les liens du corps l’humiliaient en lui imposant une sorte de servitude. Il était tout esprit. » Quelle époque, où les jeunes gens ont eu leurs amitiés si pathétiques et où le deuil se relevait de telle admiration !
Avant de partir pour la guerre, Claude Cochin préparait deux ouvrages qu’il n’a pas eu le temps d’achever, qui sont déjà très importants.