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Ce devaient être bientôt ses deux thèses de doctorat. Son père vient de les publier, avec l’aide amicale et savante de M. Léon Lecestre, continuateur de Boislisle, érudit parfait, l’un des hommes qui ont le mieux étudié le XVIIe siècle.

Dès l’École des Chartes, Claude Cochin composait une excellente dissertation, pleine de faits et d’idées, Henry Arnauld et le jansénisme, dont il compta faire un chapitre d’une monographie de cet évêque d’Angers, frère d’Antoine Arnauld, dit le Grand Arnauld. La monographie est restée incomplète : ce qu’on en lit rend les lacunes bien regrettables. Beaucoup moins grand que son frère Antoine, Henry Arnauld ne fut et n’a point mérité d’être plus qu’un personnage de second plan. De tels personnages ont un rôle dans l’histoire : ils sont, en quelque sorte, la transition du génie aux foules. Sans eux, l’histoire serait à peu près inintelligible : les foules, en effet, ne reçoivent pas directement les paroles et la pensée des hommes de génie ; elles ne les reçoivent que par l’intermédiaire de gens plus médiocres et qui sont plus proches d’elles. Puis Henry Arnauld, tel qu’il était, montre les aspects divers d’une époque. Diplomate et homme du monde, il eut affaire au pape et au roi, aux seigneurs de la cour et des salons, à Richelieu, aux amis et aux ennemis de Richelieu, aux frondeurs et aux mazarinistes, aux gens de lettres et aux gens de robe ; on l’a vu aux alentours de l’hôtel de Rambouillet, chez les bourgeois élégants ; il a traité maintes questions de la vie ecclésiastique, les évêchés, les bénéfices ; les théologiens l’ont associé à leurs querelles. Claude Cochin, qui est au courant de tout cela, le mène en tous lieux familièrement et plusieurs pages de son livre exposent avec une admirable lucidité la politique au milieu de laquelle son modeste héros se trémousse. Les relations d’Henry Arnauld et des gens de lettres sont indiquées d’une manière excellente ; et voici Chapelain, Costar et Balzac très vivants. Chapelain manque d’opiniâtreté. Son opinion qui a déplu, il la modifie aisément et formule cet aphorisme très commode, que « l’homme n’a point de chant plus naturel que celui de palinodie. » Balzac élude les difficultés au moyen d’une fourberie que son beau style décore. Ancien secrétaire du cardinal Bentivoglio, — que l’on appelait Bentivoille, en ce temps où la suprématie française avait sa fierté, — Henry Arnauld cherchait aux Guerres de Flandre que publiait son maître la louange des Illustres. Sollicité, Balzac répond : « Je ne vis jamais, dans un langage si sobre et si chaste, tant d’embonpoint. » D’autres éloges, et tous les éloges qu’on voudra ! Mais, à qui ne fut pas secrétaire de Bentivoille, il écrit qu’on l’ennuie avec ces récits de batailles : « Le