souvenir à une commerçante gallo-romaine, qui avait dédié sa chapelle laraire à Mercure, » le meilleur des dieux, » et à la Fortune. Voilà les émois d’un archéologue.
Le bon soldat de la Grande Guerre demeurait tout ce qu’il était avant cela et demeurait chartiste. Un chartiste à la guerre ! Ainsi le voulut la destinée. Or, l’École des Chartes a fourni à la défense nationale un fort contingent de héros. L’un d’eux était Robert André-Michel, l’un des plus chers amis de Claude Cochin, qui, écrivant de lui et de sa mort, dit : « J’ai compris que l’amitié vraie n’était qu’un trésor inestimable de souffrances. » Robert André-Michel, la veille de Croüy, la veille de sa mort, écrivait : « Nous n’aurons pas vécu en vain, si nous pouvons donner notre vie pour la cause sacrée de la France. » A présent, l’on n’a plus envie de railler le chartiste « aux lourdes besicles : « ces érudits, ces historiens ne sont pas restés à l’écart ; Claude Cochin veut qu’on se rappelle les avoir vus dans la bataille tels qu’évidemment leurs disciplines de l’esprit composaient leurs disciplines morales. « La recherche de l’exactitude est une manifestation de l’esprit scientifique,» et la recherche de l’exactitude forme les caractères.
Claude Cochin, qui revendique, pour les chartistes, l’honneur, s’est, pendant la guerre, occupé de ce qu’aiment tant les chartistes : les archives. Elles étaient en péril ; et il a de son mieux aidé à leur sauvetage. De deux façons : par ses écrits, très judicieux, en réclamant que l’on organisât ledit sauvetage : et par son entrain personnel. Au mois de février 1915, il écrit à son père : « Omont se rend à Soissons, pour sauver les manuscrits de Prémontré qui s’y trouvent. Je l’ai accompagné. Nous avons sauvé, non sans peine, une cinquantaine de beaux manuscrits sous une grêle d’obus, que le brave Omont a supportés sans sourciller. Nous avons empilé le tout dans des sacs à grain. L’opération était vraiment très amusante, pour un vieux chartiste... » M. Omont, qui est conservateur des manuscrits à la Bibliothèque nationale, faisait à la guerre, auprès de son camarade plus jeune, son paradoxal métier de conservateur dans l’effroyable dévastation.
La dernière année de la guerre, au mois de mars, Claude Cochin profita d’une courte permission pour accomplir, comme il l’entendait, son devoir de député. La Chambre discutait le budget ; à propos des Beaux-Arts, il prononça un très important discours relatif aux dégâts de la guerre et aux moyens de les réparer. Monuments, musées, objets d’art, en si grand nombre, avaient subi de tels dommages