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France, domine, à l’heure présente, toutes les autres, celle des réparations. Elle a été trop rétrécie, depuis quelques mois, dans les discussions diverses auxquelles se sont livrés les journaux des pays alliés. Modifiera-t-on, ou non, le projet de répartition du 13 août ? L’Allemagne fera-t-elle face aux échéances de janvier et de février, ou bien demandera-t-elle un moratorium ? Ce sont là, je n’en disconviens pas, des points d’interrogation qui doivent retenir notre attention la plus sérieuse ; il y a cependant un sujet, bien autrement grave, que nous avons à examiner ; quelle est aujourd’hui, quelle sera demain, en matière de réparations, notre politique vis-à-vis de l’Allemagne ? Voulons-nous assurer l’application du Traité de Versailles, en le fortifiant, au besoin, par les garanties nécessaires ? Voulons-nous, au contraire, tourner définitivement le dos à ce traité et nous jeter dans l’aventure de négociations nouvelles ? Depuis deux ans, nous hésitons, nous louvoyons, nous tergiversons. Un jour, on nous propose le forfait ; le lendemain, on revient à l’évaluation des dommages. Un jour, on annonce qu’on est las de la mauvaise volonté allemande ; on va lui mettre la main au collet ; on mobilise une classe, on est prêt à entrer dans la Ruhr ; le lendemain, on envoie à l’Allemagne un état de paiements qui contient des concessions multiples et on la somme de l’accepter. Elle l’accepte. On démobilise, on s’arrête à l’entrée de la Ruhr, on renonce même aux sanctions économiques. Pendant ce temps-là, l’inquiétude grandit en France. Sera-t-on jamais payé ? Que faire ? Faudra-t-il recourir à la force ? Et alors les conseillers de faiblesse se remettent en mouvement : « Non ! Plus de violence ! Nous avons assez chèrement acheté la paix ; nous ne voulons pas recommencer la guerre ; nous n’entendons pas qu’on mobilise de nouveau une seule classe. » Épouvantails ridicules, car, aujourd’hui, pour faire plier l’Allemagne, nous n’avons besoin, ni de guerre, ni de mobilisation. M. Briand a dit lui-même, un jour récent, que, pour le moment, nous étions maîtres, si nous le voulions, d’entreprendre, sans coup férir, une promenade militaire à travers l’Allemagne. Celte supériorité ne durera pas. Mais elle est encore intacte, et l’Allemagne le sait. Nous n’avons donc qu’à vouloir pour être obéis. Mais voulons-nous ?

Nous, oui, j’aime à le croire. Nos Alliés, c’est malheureusement autre chose. Ils croient que nous avons un goût fâcheux pour la politique du coup de bâton et, surtout, ils redoutent que les mesures auxquelles nous pourrions recourir ne retardent le relèvement économique de l’Allemagne. L’Angleterre se rend très bien compte de l’intérêt