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Qu’on veuille méditer cette page, si riche de substance. Elle nous explique l’inspiration et l’exécution, toutes « Spartiates «  des livres, — qui lui sont postérieurs, — Au service de l’Allemagne et Colette Baudoche. La vue du Taygète « aux cinq doigts, » la contemplation des lieux où fut bâtie Sparte, » la dompteuse d’hommes, » n’ont pas été étrangères à la conception des Bastions de l’Est. Sur le sol foulé par Léonidas, le petit-fils du soldat de Napoléon a senti se réveiller en lui l’instinct d’une vieille race militaire.

Et quand, deux années plus tard, s’interrogeant d’une âme plus sereine sur le bénéfice littéraire et moral qu’il a retiré de son voyage de Grèce, il se livre à une sorte d’examen de conscience spirituel, il se laisse aller à des aveux plus significatifs encore. Non sans résistance, il accepte « la leçon classique. » « Je reconnais, dit-il, les Grecs pour nos maîtres. Cependant il faut qu’ils m’accordent l’usage du trésor de mes sentiments. Avec tous mes pères romantiques, je ne demande qu’à descendre des forêts barbares et qu’à rallier la route royale ; mais il faut que les classiques à qui nous faisons soumission nous accordent les honneurs de la guerre, et qu’en nous enrôlant sous leur discipline parfaite ils nous laissent nos riches bagages et nos bannières assez glorieuses. » Il ne veut pas renoncer à « son aigre Lorraine, » qu’après Athènes il a retrouvée avec un plaisir indicible, et qu’il chante en des termes qu’eût enviés Virgile : « C’était le temps de la cueillette des mirabelles dans nos étroits vergers qu’entoure la grande paix lorraine ; un doux ciel bleu pommelé de nuages, d’immenses labours que parsèment des bosquets, un horizon de molles côtes viticoles, et des routes qui fuient avec les longs peupliers chantants. » Oui, certes, il y a un « miracle grec ; » mais il y a aussi un « miracle français ; » et pourquoi l’un abdiquerait-il devant l’autre ?


Épictète disait malheureux l’homme qui meurt sans avoir gravi l’Acropole. Ah ! s’il existait un pèlerinage que Pascal nous eût ainsi recommandé comme la fleur du monde ! Je rêve d’un temple dressé par un Phidias de notre race dans un beau lieu français, par exemple sur les collines de la Meuse, à Domrémy, où ma vénération s’accorderait avec la nature et l’art, comme celle des anciens Grecs en présence du Parthénon...


Mais l’homme qui fait ce rêve, ce n’est pas en vain que, de ses yeux de chair, il a vu le Parthénon :