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que j’appartiens à la civilisation du Christ, et que c’est mon destin de la proclamer et de la défendre… J’accueille le chant des chrétiens et m’y associe dans mon cœur… J’ai le cœur serré, moins du passé que de l’avenir, devant cet incomparable édifice menacé… » — Pressentiment tragique, et qu’un très prochain avenir n’allait que trop justifier. — « J’ai vu la mort envahir les parties les plus périssables de l’édifice, mais, je le jure, son âme demeure… Ici les générations héritent les leçons et les exemples d’une haute civilisation. »

Défendre les églises, c’est, proprement, « défendre l’éternel. »


Rien ne sert d’objecter que Messieurs X… Y… Z… et Madame Trois-Étoiles, adversaires déclarés du christianisme, font voir des vertus de sacrifice et le plus beau sens de l’honneur. Est-ce que l’on songe à le nier ? Le fait ne va pas contre ce que je dis. Ces anti-chrétiens vivent dans une société toute formée par le catholicisme ; ils sont eux-mêmes compris et interprétés par une société catholique ; ils bénéficient de l’atmosphère, et leur noblesse morale, que des observateurs superficiels seraient tentés de prendre pour une qualité naturelle, ils la reçoivent de l’Église même.


Plusieurs années avant la publication du livre de la Grande Pitié des Églises de France, l’un des plus fins critiques d’aujourd’hui, pénétrant et subtil historien des idées et des âmes religieuses, M. Henri Bremond, écrivait déjà à la fin d’une longue étude sur l’auteur des Amitiés françaises : « Si le XXe siècle doit avoir son Génie du Catholicisme, ni les artistes, ni les docteurs ne s’étonneront de lire, à la première page d’un pareil livre, le nom de M. Barrès. » M. Barrès a tenu à justifier ce pronostic : avec les plus nobles d’entre les écrivains ses contemporains ou ses aînés, il a pris rang parmi les apologistes du dehors.

Ces généreuses et hautes pensées étaient exprimées sous une forme des plus originales. Le livre de la Grande Pitié, c’est, munie de ses pièces justificatives, l’histoire intérieure et extérieure de la campagne que, six années durant, M. Maurice Barrès a poursuivie, au Parlement et dans la presse, en faveur des églises de France, que la haine imbécile de quelques sectaires aurait voulu vouer à la destruction ou à la ruine. Discours à la Chambre, lettres, méditations, rêveries, confidences, articles de journaux, il y a un peu de tout dans ce livre, — je veux dire