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figure pleine ; » au moral, si l’on en croit un bulletin de police, c’est un « atroce scélérat, » jadis très lié avec Saint-Just et certains membres du Comité de salut public. Il a des amis dans tous les camps, se présente à Blankenbourg, séduit d’Avaray et obtient la confiance du Roi dont il devient le courrier préféré, sorte de plénipotentiaire nomade. Il s’appelle tantôt Falike, tantôt Bellecombe ou David Pachaud, et cette simple précaution déroutera toutes les polices.

Un autre ecclésiastique, l’abbé Ratel, quoique mentionné parfois comme « agent principal des princes, » est moins en vue que de La Marre. Ce n’est point qu’il ne s’agite ; complice de Brotier et condamné comme tel à la déportation, il s’échappe, passe en Angleterre, est chargé par le cabinet britannique de porter une somme d’argent considérable aux militants du parti, rentre en France sous le nom de Lemoine, y reste peu, retourne à Londres, vit là « joyeusement, » forme de grands projets, n’en exécute aucun. — Est-ce lui cet abbé R... qui s’offrira, en 1800, pour « frapper » le premier Consul ? — Et quand on lui demandera des comptes, il les fournira si peu limpides qu’il cessera d’être employé.

Sur Danican tout le monde est d’accord : « le plus vain, le plus bavard, le plus fanfaron et, en même temps, le plus nul des hommes, » disait Real. Soldat au régiment de Barrois, en 1782, gendarme en 1789, son avancement fut rapide : quatre ans plus tard il était général de brigade et divisionnaire en 1795, malgré quelques heurts dans sa carrière : on a dit qu’il fut protégé par Camille Desmoulins et qu’il compta au nombre des « gardes du corps » de Robespierre. Comment ce pur révolutionnaire se trouva-t-il investi du commandement des sections royalistes insurgées, au 13 vendémiaire, contre la Convention ? Personne n’a pu le dire, ni lui-même ; cet inexplicable promotion lui valut d’être, durant une soirée, l’adversaire, — vite en déroute, — de Bonaparte, grand honneur pour un stratège de sa taille. Il était loin déjà quand la commission militaire du Théâtre Français le condamna à mort. En Angleterre, où il se réfugia, sa quasi-gloire fut payée d’une pension de 12 000 fr. ; pour la gagner, le « général « parcourra l’Europe, .formant contre la République des plans d’attaque dont pas un ne recevra un commencement d’exécution. Il ira chez le Roi, à Blankenbourg ; chez Wickham, en Suisse ; se posera en