Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En même temps, une insurrection grave, fomentée par des agents allemands, a éclaté en Irlande. Une véritable bataille entre les rebelles et les troupes anglaises a mis Dublin à feu et à sang. L’ordre paraît enfin rétabli.



Mercredi, 3 mai.

Échange de télégrammes entre le Haut-Commandement russe et le Haut-Commandement français au sujet du concours militaire que la Roumanie nous promet depuis si longtemps.

Le général Alexéïew fait valoir combien sont excessives, déraisonnables, les prétentions nouvelles de l’État-major roumain ; le général Iliesco déclare en effet qu’il ne se contenterait plus des deux conditions précédemment acceptées, c’est-à-dire : 1° une attaque de l’armée de Salonique ayant pour objet d’attirer sur elle une partie importante des forces bulgares, et 2° une intervention de forces russes dans la Dobroudja pour neutraliser le reste de l’armée bulgare ; il exige aujourd’hui que les Russes occupent entièrement la région de Roustchouk, sur la rive droite du Danube. Le général Alexéïew expose très judicieusement au général Joffre : « Cette nouvelle prétention aurait pour conséquence de nous obliger à occuper la ligne Varna, Schoumla, Razgrad et Roustchouk. Même si nous acceptions cette condition qui déplacerait le centre de gravité de nos opérations vers le Sud et à l’extrémité de notre aile gauche, les Roumains émettraient certainement une nouvelle exigence selon leur habitude, afin de gagner du temps jusqu’au moment où ils seront certains d’atteindre sans effort le résultat qu’ils se proposent. Il faut faire comprendre aux Roumains que l’adhésion de la Roumanie n’est pas un besoin absolu pour les Puissances alliées. La Roumanie peut compter pour l’avenir sur une compensation qui correspondra exactement aux efforts qu’elle aura déployés et à ses actions militaires. »

Le général Joffre me confirme absolument l’opinion du général Alexéïew : « Je pense comme lui qu’il serait utile de faire connaître à la Roumanie que son concours, tout en étant désirable, ne nous est pas indispensable et que ce pays, s’il veut obtenir ultérieurement les compensations qu’il désire, doit se résoudre à prêter aux armées alliées le concours effectif de ses armes dans la forme où nous le lui demandons... »