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Vous les voyez d’ici, dans leurs chambres enfumées, sans aération, sans éclairage : ils pérorent depuis la soupe du soir jusqu’au matin. N’oubliez pas qu’on trouve parmi eux des gens appartenant à toutes les races de l’Empire, à toutes les nationalités, a toutes les religions, à toutes les sectes, même des Juifs. Ah ! c’est un fameux bouillon de culture pour les idées révolutionnaires. Nos anarchistes n’ont pas été les derniers à s’en apercevoir !

— Et M. Sturmer, que pense-t-il de tout cela ?

— M. Sturmer demande simplement qu’on le laisse faire, et je vous garantis. Excellence, qu’il ferait de la bonne besogne.



Lundi, 22 mai.

La mission Viviani et Albert Thomas a laissé derrière elle, dans tous les milieux, un sillage d’émotion.

Ici même, Joseph de Maistre, qui fut un des observateurs les plus sagaces de la Révolution française, faisait une remarque, dont j’éprouve aujourd’hui la justesse : « Il y a dans le caractère des Français, il y a dans leur langue surtout une certaine force prosélytique qui passe l’imagination. La nation entière n’est qu’une vaste propagande. »



Mardi, 23 mai.

Au Trentin, entre l’Adige et la Brenta, une violente offensive des Autrichiens oblige les Italiens à abandonner leurs lignes. L’émotion est forte en Italie, où l’on se représente déjà l’armée du Frioul contrainte de battre en retraite, pour n’être pas coupée de la Lombardie par une irruption de l’ennemi sur Vicence et Padoue.

Autour de Verdun, la lutte a repris avec fureur. Après un magnifique assaut, les troupes françaises ont enlevé l’ancien fort de Douaumont.



Mercredi, 24 mai.

En 1839, Nicolas Ier disait au marquis de Custine : « Je conçois la république ; c’est un gouvernement net et sincère ou qui, du moins, peut l’être. Je conçois naturellement la monarchie absolue, puisque je suis le chef d’un semblable régime.