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REVUE SCIENTIFIQUE

LA GUERRE DES GAZ ET L’AVENIR

Pour avoir oublié que les nations, à l’instar des individus, sont guidées avant tout par l’intérêt ; pour avoir bénévolement attribué à autrui les qualités que nous nous dénions entre nous avec acharnement, nous sommes revenus de Washington avec quelques désillusions, que d’autres bientôt nous feront oublier. Mais ceci est de la politique qui n’est point de mon ressort...

Pourtant, il est une des conséquences de la Conférence de Washington qui s’impose à notre scientifique attention. Les agences télégraphiques nous ont annoncé, en effet, qu’elle est parvenue au résultat suivant, qui lui, du moins, est acquis : éclairée par les délibérations des chimistes experts qu’elle s’était adjoints, la Conférence est arrivée à la conclusion qu’il y a un..., au moins..., des articles du Traité de Versailles dont les prescriptions sont inopérantes. C’est l’article 171, qui déclare : « L’emploi des gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que tous liquides, matières ou procédés analogues, étant prohibés, la fabrication et l’importation en sont rigoureusement interdites en Allemagne. »

Des chimistes éminents et même illustres ont été appelés à donner là-dessus leur avis à Washington. La délégation française s’était spécialement attachée dans ce dessein le professeur Moureu, qui est une des plus hautes autorités de notre pays, et le professeur Mayer, spécialiste des gaz toxiques. Avec leurs collègues anglais et américains, ces savants ont dû constater que l’article 171 du traité de Versailles est parfaitement inutile et d’une efficacité illusoire.

Mais point n’était besoin de faire délibérer les experts à Washington