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être payés, en nature ou en espèces, que vous importe que le contrôle à installer en Allemagne soit plus strict et plus sévère ? Attendez, nous verrons plus tard. Pour le moment, nous qui ne sommes pas payés, nous trouvons ce contrôle suffisant. De quoi, dès lors, vous plaignez-vous ? « 

Dans cette affaire comme dans celle de la Conférence financière, nous avons eu, à tort ou à raison, la pénible sensation d’être à la remorque. C’est alors qu’un peu loin de nous, près du rivage, un chant de sirène s’est élevé au-dessus des flots et, autant qu’il était possible de discerner les paroles, c’était la promesse d’une alliance anglaise qui venait nous consoler de nos déboires. Qu’il y eût, depuis quelque temps, un peu de cette espérance flottant dans les airs, une interview de M. Briand dans le Daily Mail nous l’avait déjà révélé. Le Président du Conseil est trop prudent et trop avisé pour solliciter publiquement une alliance qu’on ne lui offre pas, et lorsqu’il a exprimé son souhait de nouvel an, il savait, à n’en pas douter, que ses vœux trouveraient, de l’autre côté de la Manche, un écho sympathique. La foi dans une convention franco-anglaise explique même vraisemblablement les concessions que M. Briand a cru devoir faire aux vues du Gouvernement britannique ; il a pesé le pour et le contre, et il s’est décidé pour l’alliance. Lorsque nous connaîtrons exactement l’ensemble des résolutions prises, nous vérifierons la pesée.

Au moment où j’écris cette chronique, je ne sais rien encore du pacte annoncé. Mais lorsqu’un de nos plus sûrs amis d’Angleterre, Lord Derby, et de grands journaux comme le Morning Post, ont commencé, il y a quelques mois, une vaillante campagne en faveur d’une alliance, j’ai eu l’occasion d’expliquer ici qu’à mon sens, avant de contracter cette union, d’ailleurs très désirable, il serait bon de procéder, comme en 1904, à une liquidation générale des difficultés pendantes, et j’ai eu la satisfaction de constater que cette opinion était alors partagée, non seulement par presque toute la presse française, mais par une grande partie de la presse britannique. Les circonstances n’ont pas changé. Le pacte qui nous sera proposé n’aura réellement de prix que dans la mesure où il mettra à l’unisson la politique des deux pays ; mais, si l’unisson n’est, à proprement parler, qu’un son unique, encore faut-il qu’il soit rendu par plusieurs voix ou par plusieurs instruments. Dans une alliance franco-anglaise, il est indispensable que la voix de la France puisse se faire entendre aussi librement que celle de l’Angleterre.

J’ai déjà montré que la promesse d’assistance militaire, qui nous