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front turc, enfin il obtint du gouvernement des Soviets l’engagement, de valeur assez douteuse, qu’aucune troupe russe ne passerait la frontière anatolienne. En fait, malgré les efforts d’Enver, de Nouri et de Djemal, cet engagement fut respecté et, même durant la période la plus menaçante de l’avance grecque, les renforts bolchévistes ne s’avancèrent point au delà des limites de la Géorgie : les bruits qui coururent au mois d’août, touchant la présence de contingents russes en Anatolie, ont été reconnus faux.

Les deux victoires par lesquelles débuta la seconde offensive hellénique (juillet-août 1921) ne brisèrent point la résistance des Turcs d’Asie et exaspérèrent le ressentiment de ceux de Constantinople contre les Alliés. Toute possibilité d’intervention s’évanouit. » Nous ne demandons pas aux puissances — écrivait un journal de Stamboul, le Tevhid-i-Efkiar — de proposer ou d’imposer leur médiation ; car, même après la chute d’Afioum-Karahissar, de Kutahia et d’Eski-Chéhir, nous nous sentons de force à nous mesurer avec les Grecs. Mais du moins qu’on les laisse seuls avec nous ! Que la Grèce ne puisse plus fonder d’espoir sur une assistance étrangère. Car tout le monde sait que si les Grecs sont entrés dans la Marmara, et s’ils ont même poussé jusqu’au littoral de la Mer-Noire, c’est parce que nous avons ouvert de nos propres mains les portes de notre capitale aux grandes puissances. Tout le monde constate aujourd’hui les conséquences déplorables au point de vue de l’humanité, d’un système qui a permis aux Grecs de profiter des avantages obtenus, non par leur propre force, mais par la force des autres. »

Ce système, contraire à la plus élémentaire justice, n’eut même pas le mérite de procurer la décision attendue : arrêtés net sur le Sakaria aux premiers jours de septembre, les Grecs durent rebrousser chemin et revenir à leur ligne de départ. La solution militaire du conflit étant désormais reconnue impossible, force fut bien d’envisager à nouveau la négociation diplomatique, dont le gouvernement d’Athènes se déclarait lui-même partisan. Mais, pour les Alliés, la difficulté restait entière : les Turcs de Constantinople les renvoyaient à ceux d’Angora ; ces derniers ne consentaient à traiter, qu’à la condition que les pourparlers fussent étendus à tous les problèmes concernant la Turquie. Sur les questions purement anatoliennes, comme