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jardiniers, auxquels s’appliquerait une loi de huit heures agricole. On voit combien faibles en seraient les répercussions.


V. — ÉTAT DE L’OPINION EN FRANCE

Les vœux tendant à une modification de la loi de huit heures arrivent de tous côtés.

Les Conseils généraux de l’Aube, des Alpes-Maritimes, de la Charente, de la Moselle ; les Chambres de commerce de Montluçon, de Foix, de Carcassonne, de Blois, de Calais, de Thiers, de Lyon, de la Roche-sur-Yon, d’Auxerre, de Mazamet, de Bougie, la Chambre syndicale du cycle et de l’automobile, la Ligue de Navigation fluviale ont demandé l’abrogation de la loi. D’autres Conseils généraux, de très nombreuses Chambres de commerce, des groupements tels que le Comité républicain du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture, la Conférence internationale du bâtiment et des travaux publics, ont demandé qu’il fût sursis à l’application de la loi. Des dérogations ont été et sont journellement réclamées par les Chambres de commerce, les Conseils généraux, et des groupements de plus en plus nombreux : citons parmi ces derniers l’Union des Chambres syndicales lyonnaises, l’Association nationale d’Expansion économique, le Syndicat général du Commerce et de l’Industrie, la Fédération des commerçants détaillants de France, la Société industrielle du Nord de la France, l’Association de l’industrie et de l’agriculture françaises, l’Union syndicale des banquiers de Paris et de la province, le Congrès de la meunerie. L’une des manifestations récentes les plus significatives a été le dépôt, à la Chambre des députés, par M. Isaac, ancien ministre du Commerce, d’une proposition de loi tendant à suspendre jusqu’au 1er janvier 1925 l’application de la loi du 23 avril 1919. A partir de cette date, la durée du travail dans l’industrie et le commerce serait fixée à neuf heures de travail effectif, sauf pour certaines professions dont le tableau serait dressé par le ministre du Travail. Il serait réservé à une loi ultérieure de fixer la date de la remise en vigueur définitive des dispositions de la loi du 23 avril 1919.

Le débat engagé autour de la loi de huit heures est un des aspects du duel qui se poursuit entre les deux conceptions de la société humaine, l’étatisme et la liberté. D’un côté se rangent