Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/652

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la pente raide de Prospect Street. Cinq cents mètres plus loin, nous trouvons l’infirmerie, un charmant hôpital perdu dans la verdure, surplombant un vallon boisé, puis l’École Forestière avec son parc, et enfin, sur les confins de la ville, l’Observatoire avec ses terrains où l’on distingue encore des restes de forêt.

Où s’arrêtera cette aventure d’une Université géante qui grandit presque à vue d’œil, et forme à elle seule une communauté dans la communauté de New Haven ? Encore n’ai-je vu, au cours de ma visite, que les bâtiments les plus importants. Pour être complet, il faudrait mentionner que l’Université a une clinique, un dispensaire et des laboratoires dans le voisinage de l’hôpital civil ; une usine qui produit la lumière électrique et distribue la chaleur ; qu’elle possède encore à New Haven un terrain d’athlétisme où sont dispersés, de façon à ne pas se gêner, un manège, des champs d’exercice pour l’artillerie et le fameux « Bowl, » stade en ciment armé avec sièges pour soixante-dix mille spectateurs ; — en dehors de la ville, sur le bord de la mer, l’Adee Boat House, pour le sport du canotage ; — plus loin encore, des terres, notamment quinze cents acres qui servent aux expériences de l’Ecole Forestière ; enfin, un autre collège et une Ecole de Médecine !

A combien de millions ou de milliards faut-il évaluer l’avoir de l’Université ? C’est difficile à dire. On peut tout au plus se faire une idée de la fortune mobilière. J’ai eu entre les mains le rapport que publie tous les ans le trésorier. La lecture de ce volume de plus de deux cent cinquante pages, peut, au premier abord, paraître un peu aride. Mais qui se met à le feuilleter ne le quittera pas. De toutes les pages où l’Argentier de Yale, éloquent sans chercher à l’être, entr’ouvre pour nous son coffre-fort, sort une éblouissante vision. Voici le passage où sont additionnés les fonds dont dispose l’Université et qui se montent à plus de cent trente-huit millions de francs, en y comprenant les douze millions qui constituent l’avoir propre de l’Ecole des Sciences. La plus grande partie de cette somme, — environ cent trois millions, — est représentée par des valeurs hypothécaires, des actions industrielles, des obligations, et elle est donc presque instantanément réalisable. Les revenus nets, disponibles pour les dépenses ordinaires, s’élèvent, en chiffres ronds, à la somme de huit millions six cent mille francs. En fait, l’an dernier, les dépenses ont dépassé dix millions, creusant