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cette Université si différente des Universités françaises, ce qui se rapproche le plus de nos facultés des lettres et des sciences. Elle sert de complément au Collège, car elle n’admet que les jeunes gens ayant fait quatre années d’études et déjà pourvus du baccalauréat. On y prépare le degré de maître ès arts et le doctorat. C’est avant tout le lieu où ceux qui sont vraiment épris du savoir peuvent se spécialiser dans des études avancées et s’adonner à la recherche scientifique originale.

Ils n’avaient certes pas prévu ce développement les dignes fondateurs de la Collegiate School, laquelle devait être simplement une école de culture générale, capable de faire des hommes à l’esprit ouvert, possédant des connaissances variées, propres en un mot aux « emplois publics tant religieux que laïques. » Et bien qu’il ait considérablement évolué depuis son origine, le Collège répond toujours à ces intentions premières. Pour bien des parents c’est uniquement l’école où, au sortir des « high schools, » une élite vient parfaire son éducation et acquérir ce minimum de connaissances indispensable à qui veut devenir un « gentleman » comme disent les Anglais, un « honnête homme » comme nous disions autrefois. Le collège américain est donc comparable, quant au but, à nos établissements d’enseignement secondaire. En fait, il ne donne ce que nous appelons l’enseignement supérieur que dans les troisième et quatrième années, celles des juniors et des seniors. Les deux premières années, — celles des freshmen et sophomores, — par les méthodes de travail sont assimilables aux deux dernières années de nos lycées plutôt qu’à nos facultés. Et c’est précisément parce que le Collège ne faisait pas une part suffisante au travail scientifique proprement dit qu’a été créée la Graduate School.

Cette école n’est pas la seule innovation apportée par l’Université à son organisation première. Yale a toujours senti soigneusement le pouls du pays et l’histoire de ses adaptations successives aux nécessités du moment est aussi riche en incidents que celle des constructions dont j’ai conté la triomphale épopée. Dès le début du XIXe siècle, on peut noter un effort pour élargir l’action du Collège : en 1810, Yale, s’alliant avec la Société médicale du Connecticut, fonde un Institut de Médecine. En 1822, on sépare l’enseignement religieux pour créer un département à part de caractère technique lui aussi : le Département