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Il s’agissait dans ce cas d’un organisme vigoureux et qui était soutenu par les intérêts puissants et exigeants de l’industrie. Le développement de cette école devait, par la force des choses, être envahissant. Au début, on l’a vu, c’était une école de sciences appliquées, mais elle a de plus en plus étendu son domaine. Elle ne pouvait pas se désintéresser de la science théorique, puisque l’une de ses raisons d’être, d’après la charte d’incorporation de son conseil d’administration, était « d’avancer l’étude des sciences physiques, naturelles et mathématiques. » Et à mesure qu’elle recevait des dotations et qu’elle grandissait, elle empiétait à ce point sur les attributions du Collège qu’elle avait fini par donner chez elle l’enseignement littéraire dont ne peut se passer malgré tout l’homme de science. En fait, à la veille de la guerre, Sheffield était devenu un second Collège, offrant aux étudiants, qui y entraient en qualité de freshmen, un enseignement complet, général aussi bien que spécial. Elle n’était plus une école purement scientifique ; on y apprenait aussi les langues vivantes, l’anglais, l’histoire, l’anthropologie, l’économie et les sciences politiques. Ceux qui croyaient à la valeur de la culture par les sciences y pouvaient faire des études complètes, menant au baccalauréat de philosophie.

En un mot, on en était venu à avoir deux collèges : l’un littéraire, où l’on enseignait aussi des sciences ; l’autre scientifique, où l’on enseignait aussi les lettres. Cette duplication n’était assurément pas favorable à la meilleure utilisation des ressources de l’Université. Et c’est sans doute pour remédier à ce défaut que la Corporation a entrepris une réforme qui va remettre un peu d’ordre dans un jardin où la végétation était trop touffue. Sheffield va céder au Collège la préparation du baccalauréat de philosophie et, par compensation, va préciser et élargir son rôle d’institut scientifique. Pour emprunter à un document officiel la définition qu’en a donnée la Corporation, ce sera désormais « l’école pour l’étude professionnelle de la science et de l’art de l’ingénieur. » Tout en continuant de fournir un minimum indispensable de culture littéraire, elle va pouvoir s’orienter plus nettement vers la préparation des techniciens dont a besoin l’industrie. Les étudiants seront groupés en deux sections principales, selon la profession qu’ils comptent embrasser : section des sciences de l’ingénieur et section des sciences naturelles.