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— L’offensive de nos armées en Bukovine et Galicie n’est que le prélude de notre offensive générale... Notre principal effort doit se porter sur les armées allemandes ; c’est par leur défaite seule que nous obtiendrons définitivement la victoire. Depuis la bataille de Verdun, l’Allemagne n’est plus capable d’entreprendre aucune offensive importante. Mais, pour ne parler que de notre front, nous devons nous attendre, de sa part, à une résistance opiniâtre en avant du Niémen et du Bug, puis plus tard sur le cours même de ces deux rivières et de la Vistule... J’ignore naturellement les intentions du général Alexéïew ; je présume néanmoins que son plan est de faire remonter toutes nos armées vers le Nord-Ouest, en pivotant autour de Riga. Le général Kouropatkine, qui est médiocrement doué pour l’offensive, mais qui est remarquable dans la défensive, a donc les qualités de la mission qui lui est confiée. Le général Evert et le général Broussilow, qui sont d’excellents « manœuvriers, » feront le reste. Je m’imagine qu’on leur assignera comme objectifs Wilna, Brest-Litovsk et Lublin.

— Et Cracovie ?

— Je ne crois pas. Du moins, cela dépend de l’attitude qu’adoptera la Roumanie. Si nous étions sûrs que l’armée roumaine entrera en scène à bref délai, notre aile gauche serait couverte et nous n’aurions plus qu’à nous tenir en liaison avec nos nouveaux alliés. En revanche, il est évident que, si la Roumanie reste neutre, nous serons obligés d’être beaucoup plus circonspects et toute l’opération générale en sera ralentie. Mais, quelle que soit la décision du Gouvernement roumain, nous avons besoin de la connaître immédiatement. On n’a pas l’air de se douter, à Bucarest, que nous sommes en pleine action...



Jeudi, 6 juillet.

Tandis que les Anglais développent leur offensive entre la Somme et l’Ancre, les Français dépassent la seconde ligne des positions ennemies au Sud de la Somme. Dans les deux zones d’attaque, les Allemands ont laissé environ 13 000 prisonniers.

Depuis le Stokhod jusqu’aux sources du Pruth, c’est-à-dire sur un front de 300 kilomètres, les Russes avancent méthodiquement. Au Nord, en Volhynie, ils menacent Kovel. Au Sud, en Galicie, ils occupent Delatyn, qui commande une des principales