Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/813

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

― La situation de Sazonow est très compromise ; il a perdu la confiance des Majestés.

— Mais, que lui reproche-t-on ?

— On lui reproche de ne pas s’entendre avec Sturmer, de s’entendre trop bien, au contraire, avec la Douma... Et puis, Raspoutine le déteste, cela suffit.

— Alors, la partie est tout à fait liée entre l’Impératrice et Sturmer ?

— Oui, tout à fait... Sturmer, qui est un malin, a réussi à lui persuader qu’elle peut seule sauver la Russie. Et elle la sauve, en ce moment même ; car elle est partie, hier soir, à l’improviste, pour Mohilew !



Vendredi 21 juillet.

En Arménie, les Russes poursuivent brillamment leur offensive.

Sur le littoral pontique, ils occupent Vaksi-Kébir, à l’Ouest de Trébizonde, et leurs avant-gardes pénètrent dans la vallée du Kelkit-Irmak. A l’intérieur, la prise de Gémisch-Kaneh les rend maîtres de la grande route qui, partant de Trébizonde, bifurque vers Erzeroum et Erzinghian. Ils menacent enfin cette dernière ville par une marche rapide sur le cours supérieur de l’Euphrate.



Samedi, 22 juillet.

Le général Janin et le général Williams se sont acquittés de leur communication au ministre de la Cour. Voici la réponse du général Janin :

Le ministre de la Cour, bien que n’étant pas d’accord en tout avec M. Sazonow, avait déjà représenté à l’Empereur que son départ, dans les circonstances présentes, produirait certainement une mauvaise impression. L’Empereur lui avait répondu que l’extrême fatigue dont souffre M. Sazonow et qui ne lui laisse ni appétit ni sommeil, ne lui permet vraiment pas de continuer sa tâche : que d’ailleurs sa décision souveraine était prise. Le comte Fréederickz a promis néanmoins de montrer à l’Empereur les télégrammes identiques des ambassadeurs de France et d’Angleterre, mais il a ajouté qu’il ne demanderait pas à Sa Majesté d’y répondre.