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à ce que les secrets de nos négociations ne restent pas ignorés de certaines personnes qui, par leurs tendances germanophiles, par leurs relations indirectes avec l’aristocratie ou la finance allemandes, par leur aversion du libéralisme et de la démocratie, sont tout acquises à l’idée d’une réconciliation avec l’Allemagne.

A l’heure actuelle, ces personnes ne peuvent agir que très sournoisement, très prudemment, dans le sens de leur désir. L’élan national est encore si fort qu’elles se briseraient en découvrant leur jeu. Mais si, dans quelques mois, à la veille de l’hiver, notre effort militaire n’avait pas réalisé toutes nos espérances ; si la victoire s’était montrée plus favorable aux armées russes qu’aux nôtres, alors le parti allemand de Pétrograd deviendrait dangereux par les complicités dont il disposerait au ministère des Affaires étrangères.



Mercredi, 26 juillet.

Les journaux annoncent que l’ex-ministre de la Guerre, le général Soukhomlinow, détenu à la forteresse des Saints-Pierre-Saint-Paul, est atteint d’une affection mentale qui oblige à le transférer dans une maison de santé.

D’après mes renseignements, il souffre d’une simple neurasthénie. Personne d’ailleurs ne croit au motif allégué pour justifier le transfert.



Jeudi, 27 juillet.

Le colonel Rudéanu, attaché militaire de Roumanie à Paris, a négocié, avec les délégués des états-majors alliés, une convention qui fixe à 150 000 hommes l’effectif que le Haut-Commandement roumain emploiera à une attaque immédiate de la Bulgarie, cette attaque devant être conjuguée avec une offensive de l’armée de Salonique. La convention, qui règle en outre les relations des deux groupes d’armées, a été signée le 23 juillet.

L’idée de cette double opération, ayant Sofia pour objectif géographique, est excellente ; elle suffirait à justifier notre long effort à Salonique.

Mais il m’est revenu hier, d’une source secrète, que, loin de se préparer à attaquer la Bulgarie, le Gouvernement roumain est en conversation clandestine avec le tsar Ferdinand. Le renseignement est, en partie, vérifié par un télégramme que Buchanan a reçu ce matin du ministre d’Angleterre à Bucarest