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et d’après lequel « le Président du Conseil roumain n’a jamais admis la pensée d’attaquer la Bulgarie ni même de lui déclarer la guerre. »



Vendredi, 28 juillet.

Le ministre de Russie à Bucarest, Poklewski, télégraphie que Bratiano se refuse catégoriquement à attaquer la Bulgarie ; son collègue d’Angleterre, sir George Barclay, insiste pour que les Puissances alliées renoncent à réclamer cette attaque, « sous peine de perdre irrévocablement le concours de la Roumanie. »

Nous délibérons, Buchanan et moi, avec Nératow. Celui-ci estime que les Puissances alliées doivent exiger de Bratiano l’exécution des engagements spécifiés dans la convention Rudéanu.

Buchanan appuie l’opinion de Barclay. J’appuie l’opinion de Nératow.

Je rappelle tous les sacrifices que la France s’est imposés pour soutenir la cause des Alliés dans la Péninsule balkanique :

— Le public français, dis-je, ne comprendrait pas que l’offensive fût prise à Salonique, sans une contre-partie sur le Danube ; il s’indignerait à l’idée que des soldats français se feraient tuer en Macédoine pour permettre aux Roumains d’annexer plus facilement la Transylvanie. Et puis, sans être grand clerc en stratégie, je crois que les Roumains eux-mêmes ont intérêt à mettre les Bulgares hors de cause avant de s’engager au Nord des Carpathes. Quant aux conversations secrètes qui s’échangent, me dit-on, entre Bucarest et Sofia, je ne doute pas qu’elles échouent. Et, si elles devaient réussir, j’en serais désolé ; car, alors, toutes les forces bulgares se retourneraient contre notre armée de Salonique.

Nératow me donne entièrement raison.



Samedi, 29 juillet.

L’armée russe a remporté hier une victoire à Brody, en Galicie.


Cet après-midi, Sturmer vient me faire sa visite officielle.

Cérémonieux et doucereux, à son habitude, il me déclare, qu’en lui confiant le portefeuille des Affaires étrangères, l’Empereur