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lui prescrit de diriger la politique extérieure de l’Empire selon les mêmes principes qu’auparavant, c’est-à-dire en étroite union avec les Gouvernements alliés.

— Je tiens particulièrement, ajoute-t-il, à marcher d’accord avec le Gouvernement de la République. Je vous demande donc tout votre concours et toute votre confiance.

Je le remercie de ses déclarations, en l’assurant du zèle amical que j’apporterai à notre collaboration et je le félicite d’inaugurer ses fonctions sous le présage de la victoire de Brody.

Puis, j’essaie de l’amener à s’expliquer sur l’objet final de sa politique, sur sa façon de concevoir le sort futur de l’Allemagne. Il me semble n’avoir, à cet égard, que des vues très vagues ; il paraît même ignorer les idées personnelles de l’Empereur ; il prononce pourtant une phrase que j’ai entendu tomber plusieurs fois de la bouche impériale :

— Pas de grâce, pas de miséricorde pour l’Allemagne !

Il prend congé de moi par de longs salamalecks obséquieux. Sur le pas de la porte, il répète :

— Pas de grâce, pas de miséricorde pour l’Allemagne !



Dimanche, 30 juillet.

Le Gouvernement britannique demande aujourd’hui au Gouvernement russe de ne pas insister pour que la Roumanie attaque la Bulgarie.

Interrogé par Nératow, je reprends mes arguments d’avant-hier. J’ajoute que je ne pourrais d’ailleurs comprendre à quoi servirait l’envoi de 50 000 Russes dans la Dobroudja, s’ils devaient y rester l’arme au pied, tandis que l’armée de Salonique supporterait tout le choc des armées bulgares.

A la fin de l’après-midi, Nératow me fait savoir que le général Alexéïew n’admettrait pas d’envoyer 50 000 Russes dans la Dobroudja, s’ils n’avaient pour mission d’attaquer immédiatement les Bulgares.



Lundi, 31 juillet.

Poursuivant leur offensive sur un front de 150 kilomètres, les armées russes de Volhynie et de Galicie ont bousculé les Austro-Allemands vers Kovel, Wladimir-Volynsky et Lemberg,