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retire prématurément de la lutte ou si elle tombe dans les convulsions révolutionnaires, elle dissociera inévitablement sa cause de la nôtre ; elle se mettra elle-même dans l’impossibilité de participer aux profits de notre victoire et sa défaite se confondra avec celle des Empires centraux.



Samedi, 5 août.

Le général Alexéïew, se rangeant à l’opinion du général Joffre et de Briand, consent à ce que l’effort de l’armée roumaine soit exclusivement dirigé contre l’Autriche ; il accepte donc que les opérations contre la Bulgarie soient différées ; il croit d’ailleurs que ces opérations se déclencheront d’elles-mêmes. Il insiste enfin pour qu’on mette fin aux tergiversations de Bratiano, en fixant irrévocablement la date à laquelle l’armée roumaine devra entrer en action.



Dimanche, 6 août.

Les atermoiements et les marchandages de Bratiano continuent ; je les explique surtout par l’espoir qu’il garde encore d’arriver à une entente directe avec les Bulgares. Fidèle à son jeu, il impute ses retards à la mauvaise volonté de la Russie. D’où, de nouveaux tiraillements entre Paris et Pétrograd.

Ce matin, je suis chargé de faire parvenir à l’Empereur un télégramme du Président de la République.

En remettant ce télégramme à Sturmer, je reprends les arguments dont je l’ai harcelé ces derniers temps et dont le principal, le plus vrai à mes yeux, est l’énormité des sacrifices que la France a déjà consentis à la cause commune, l’usure de nos effectifs depuis les carnages de Verdun.

Sturmer, qui ne redoute rien tant que d’être mis en cause auprès de l’Empereur, me répond d’abord par des protestations de fidélité à l’Alliance, par un panégyrique de Verdun. Il poursuit :

— Je n’attache donc pas moins de prix que votre Gouvernement à obtenir le concours immédiat de la Roumanie. Vous connaissez, d’ailleurs, les idées du général Alexéïew à cet égard. Dans les questions militaires, il a toute autorité auprès de l’Empereur. Or, vous vous rappelez que c’est lui qui a voulu couper court aux tergiversations de M. Bratiano en fixant un