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terme aux négociations. Comme il avait raison !... Croyez-moi. Nous avons eu grand tort de rouvrir la discussion avec le Gouvernement roumain ; nous aurions dû nous en tenir aux propositions si libérales de notre mémorandum du 17 juillet et ne plus admettre aucun marchandage. Ne voyez-vous donc pas que M. Bratiano ne cherche qu’à gagner du temps ? L’échéance fixée primitivement par le général Alexéïew était le 7 août ; il a fallu la proroger au 14 août. En exigeant aujourd’hui que votre armée de Salonique prenne l’offensive dix jours avant que la Roumanie n’entre en scène, M. Bratiano ne vise manifestement qu’à se faire accorder un nouveau délai. Je vous le répète : nous avons grand tort de nous prêter ainsi à son jeu, qui n’est que trop évident. Je vous promets néanmoins de rapporter fidèlement à Sa Majesté tout ce que vous venez de me dire.

En me parlant ainsi, Sturmer est sincère, pour un motif qui me dispense d’en chercher aucun autre : c’est que le général Alexéïew a pris en main l’affaire roumaine et que l’Empereur l’approuve dans toutes ses idées. Or, Sturmer, qui sait que le général Alexéïew le dénigre et le méprise, n’est pas homme à lui faire opposition : il le ménage, au contraire, et file doux devant lui.



Mercredi, 9 août.

Voici la réponse de l’Empereur au télégramme que je lui ai fait parvenir, il y a trois jours, de la part du Président de la République :

Parfaitement d’accord avec vous, M. le Président, quant à la nécessité de l’entrée en action immédiate de la Roumanie, j’ai ordonné à mon ministre des Affaires étrangères d’autoriser mon ministre à Bucarest à signer la convention qui sera arrêtée entre M. Bratiano et les représentants des Puissances alliées.


L’arrivée de renforts allemands et turcs ralentit l’avance des armées russes sur le front galicien ; elles approchent néanmoins de Tarnopol et de Stanislau.



Jeudi, 10 août.

A déjeuner : le général Léontiew, qui va commander une des brigades russes en France, Dimitry Benckendorff, le