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— 27 (Février). Allé à S. P. (Sainte-Pélagie). Nouvelles questions. Nouvelles assurances : mais rien de nouveau.

— 28. Ainsi que la veille. M’engageant à ne pas manquer de revenir le lendemain.

— 1 (Mars). Ainsi que la veille. On voulait tout dire quand on sortirait (de prison).

— 2 et 3. Mêmes visites, mêmes assurances, mêmes questions. Rien de nouveau jusqu’au moment de la sortie.


Malgré le vague soupçon et la nuance d’inquiétude qu’on discerne dans ces brèves notes, Vitel est, avec Perlet, sans réticences : il croit aux hypocrites protestations du mouchard ; il voit en lui un courageux militant de la bonne cause ; il se livre, expose tout ce qu’il sait, tout ce qu’il a entendu dire des arrangements que l’émigration et le gouvernement anglais fondent sur l’existence du Comité, et même il révèle qu’il porte, dans sa canne, une lettre pour le ministre de la Police. « Les hommes probes, a dit un sage, se tromperont toujours quand ils voudront calculer la marche des scélérats et les divers degrés du crime. » Et pourquoi Vitel s’observerait-il ? Son oncle Fauche-Borel lui a recommandé de témoigner une confiance aveugle en l’ami Perlet, « l’homme admirable, » le « royaliste fidèle, » le « sauveur de la France et de l’Europe. » Le cabinet de Saint-James, lord Howich, le roi Louis XVIII lui-même, bien renseignés, à coup sûr, traitent avec lui ; Vitel est leur délégué officiel : il manquerait à son devoir et compromettrait le succès de sa mission en se montrant réservé. On a un aperçu de ses confidences par les lettres que, chaque jour, Perlet adresse à Veyrat :


— 1er mars... Lord Howich a dit à M. Vitel... que les écrits de moi qu’on lui avait communiqués paraissent les seuls admissibles, les seuls auxquels on pouvait donner pleine et entière confiance, parce qu’il voyait bien qu’ils étaient solides... C’est ce qui a déterminé le ministre à m’envoyer M. Vitel pour se concerter avec moi et les personnes qu’il suppose composer mon Comité, sur les moyens de faire passer les millions nécessaires, afin de préparer le rétablissement du Roi... Cet argent est tout prêt à m’être envoyé et entièrement à ma disposition...

... M. Vitel m’a dit que la demande de 500 000 francs que j’avais faite avait d’abord paru bien mesquine : mais l’arrivée de mes nouvelles lettres a dissipé tout soupçon... Si l’on pouvait assurer le ministère anglais que... Fouché entre dans le plan, alors il serait