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d’elles-mêmes, leur part divine est engagée dans le drame, et périrait avec la France. » Catholiques, protestants, socialistes, tous, en défendant la France, défendent leur foi particulière. Et tous ils ont raison. Le génie de la France est assez large et assez humain pour que tous les idéalismes se reconnaissent et se réconcilient en lui. » Cette catholicité, ce souci de l’humanité entière, c’est la marque du génie national, c’est une note généreuse et profonde dans laquelle s’accordent toutes nos diversités. » Pour l’avoir bien montré, pour avoir brossé cet émouvant « tableau où il a cherché, fidèle secrétaire de la France, à préparer les versets d’une Bible éternelle de notre nation, » M. Maurice Barrès a rendu lui aussi un impérissable témoignage à la France éternelle.


III

Enfin il a lui sur le monde, ce jour tant désiré où l’Allemagne, vaincue, dut, à genoux, demander grâce. M. Maurice Barrès qui, quelques jours auparavant, avait, à la Sorbonne, prononcé un éloquent discours pour célébrer l’imminent retour de l’Alsace-Lorraine à la patrie française, fut de ceux qui assistèrent à la rentrée triomphale de nos troupes dans les provinces reconquises. « Minute sacrée « dont il a, d’une main frémissante et ferme pourtant, fixé le radieux souvenir. Le président de la Ligue des Patriotes, le successeur de Déroulède se devait à lui-même d’être à Metz le 19 novembre 1918, le jour où Pétain se fit conduire au tombeau de Dupont des Loges, à Colmar, le 22, le jour où Castelnau y reçut les ovations d’une foule en délire, à Strasbourg, le 25, le jour où Gouraud, Pétain et Castelnau, dans l’immense cathédrale, assistèrent au Te Deum de la victoire. Moment unique de l’histoire de France, et qui, par la plénitude et la grandeur des émotions qu’il déchaîna dans les âmes, défie toute parole humaine, fût-ce celle d’un maître du verbe. « Pour moi, écrit modestement, humblement M. Barrès, j’ai le cœur trop petit, l’esprit trop faible ; je ne peux pas saisir, contenir et vous apporter toutes les émotions, toutes les raisons par lesquelles je suis assailli depuis que la marée française a recouvert les terres d’Alsace et de Lorraine et rejoint, revivifié leurs profondes sources indigènes. L’événement dépasse l’expression individuelle et seules des cités