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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/937

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l’avenir y sont telles que, si on a pu fixer à 12 000 hommes le chiffre du recrutement des tirailleurs sénégalais en 1922, il n’a pas été possible d’évaluer les quelques milliers d’hommes que pourra fournir l’Afrique équatoriale.

Prenons garde qu’en persévérant dans cette carence, nous ne facilitions les revendications des nations surpeuplées, naturellement portées à prétendre qu’une nation qui n’est pas capable de mettre en valeur toutes les terres qu’elle occupe, doit céder la place à celles qui ont un excédent de population. Nous avons autour de nous trop d’envieux qui, sans avoir jamais produit l’héroïque phalange de nos explorateurs et de nos soldats coloniaux, sans avoir jamais couru les risques, les périls et les sacrifices que nous avons affrontés ou consentis, sont cependant tout prêts à nous reprocher de n’avoir occupé tant de colonies que pour en fermer l’accès aux autres peuples ; ignorants qu’ils sont, ou feignent d’être, des longs et lents efforts nécessaires pour amener des terres vierges et des races primitives aux premiers degrés de la culture et de la civilisation.


Mais une autre question se pose. Où les prendrons-nous, avec notre faible et décroissante natalité, ces cadres français dont nous faisons état pour le relèvement et la mise en valeur de notre Afrique centrale ?

Nous les prendrons, si on leur constitue certains avantages, et, à défaut d’avantages, certaines facilités, d’abord parmi les six à sept milliers de Français de la métropole qui, chaque année, émigrent en Amérique, en Argentine, au Brésil, au Mexique, au Chili ou ailleurs, et qui pour la plupart sont perdus pour la patrie française, puisqu’à la deuxième génération ils sont naturalisés Américains ; ensuite et surtout en Afrique du Nord et particulièrement dans cette Algérie qu’on se plaît à considérer comme un prolongement de la France, ce qui n’est pas très exact, mais dont le grand rôle est de devenir la clef de voûte, le centre de rayonnement et le seuil de toute l’Afrique française.

Car si on peut trouver dans la métropole les cadres techniques, c’est en Algérie surtout et en Tunisie qu’on pourra recruter la plus grande partie des cadres pratiques nécessaires pour l’exploitation agricole de ces fertiles régions du Soudan et du Tchad. C’est aux petits-fils de ceux qui ont su défricher les