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en 1921. Elle a doublé en cinquante ans. Pour peu qu’elle suive cette courbe ascendante, et que les indigènes continuent à pratiquer la culture extensive qui produit à peine 5 quintaux de céréales à l’hectare, il n’est pas douteux que le moment viendra où l’Algérie devra déborder sur l’Afrique centrale.

Gouverner, c’est prévoir. Il faut dès à présent se préoccuper de préparer cet exode qui constituera en somme, pour les deux parties de l’Afrique française, un égal bienfait.

Or, tandis qu’insoucieux de nos intérêts et de nos devoirs, nous avons perdu vingt années à piétiner sur place, d’autres ont avancé. Dans la Gold Coast anglaise, le chemin de fer de Secondi dont le point terminus, Koumassi, était déjà plus rapproché du centre de la Haute-Volta que Bamako, est activement poussé vers le Nord. Il tend à attirer à lui tout le trafic de la contrée. Dans la région du Tchad, dans notre Afrique équatoriale absolument dépourvue de voies ferrées, la ligne de Lagos à Kano, dans la Nigeria anglaise, affleure du cercle de Zinder, tandis qu’un embranchement va bientôt s’élever jusqu’à la lisière du Tchad à Dikoa. Dans tout le Nord du Cameroun, les produits concentrés à Garoua sont dirigés sur la côte de la Nigeria par le Bénoué et le Niger. En même temps le chemin de fer du Soudan anglo-égyptien se prolonge par El-Obéïd, jusqu’à El-Facher, tout près de notre frontière de l’Ouadaï. Ainsi, par le Sud et par l’Est, les lignes anglaises abordent ces territoires du Niger et du Tchad dénués du rail français. Les ingénieurs, les prospecteurs, les missionnaires, les capitalistes suivront. Assisterons-nous, inertes, à cet encerclement ?


Ce ne sont cependant pas les difficultés techniques, ni même financières, qui ont pu et peuvent encore nous empêcher de faire le Transsaharien. Il n’est pas de ligne ferrée dont la construction soit à la fois plus facile et moins coûteuse.

Sur presque tout le parcours, un sol résistant et plat ; pas de ponts, pas de tunnels, pas d’ouvrages d’art, sauf de loin en loin quelques remblais pour traverser de rares et courtes parties sablonneuses. Que la ligne parte d’Ouargla ou de Colomb Béchar, ou de ces deux points à la fois, pour aboutir au Tidikelt, elle peut à peu près totalement éviter les deux grands Ergs en suivant les vallées de la Saoura, de l’Igharghar ou de