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l’Oued-Mya, puis contourner les dunes de l’Ech-Chache, en longeant les massifs du Mouydir et du Hoggar : et de là par le plateau pierreux du Tanezrouft, gagner l’Adrar des Ifoghas et le point de resserrement de la boucle du Niger, à Tosaye, où l’on jetterait un pont pour la prolonger jusqu’à Ouagadougou.

Sans doute la question de l’eau est plus difficile à régler, bien qu’à vrai dire les solutions abondent ; soit qu’on creuse des puits artésiens dont le rendement est parfois tellement considérable qu’il donne naissance à de véritables lacs, comme à El-Goléa : soit que, sur une partie du parcours, on double la voie d’une conduite d’eau comme l’ont proposé l’ingénieur Souleyre et M, Sabattier ; soit qu’on remplace la traction à vapeur par la traction électrique (projet Berthelot) ou par un moteur à combustion interne (projet du colonel Godefroy).

Ces spécialistes, et plus récemment encore l’ingénieur Fontanielle, qui ont étudié sur place le tracé et les procédés d’établissement du Transsaharien, en affirment la facilité d’exécution.

Ils ont d’ailleurs pris soin d’évaluer les dépenses et les recettes éventuelles de leurs projets. Les premières varient, — selon qu’il s’agit d’une voie étroite ou d’une voie large, d’un parcours allant seulement jusqu’au Niger ou jusqu’à Ouagadougou, ou encore avec embranchement sur le Tchad, — entre 500 millions et 1 milliard 500 millions.

Admettons ce dernier chiffre. Serait-ce une dépense inconsidérée, au regard des 5 ou 6 milliards d’économies qu’avant dix ans le Transsaharien pourrait nous procurer sur nos importatations étrangères ?

Quant aux recettes, tous s’accordent à conclure que, dès la deuxième année, elles couvriraient les frais d’exploitation, et qu’en dix ans le capital de construction serait entièrement amorti.


Pourquoi donc, alors que l’Amérique a fait le chemin de fer de New-York à Saint-Francisco, de 5 600 kilomètres, à travers le Farwest ; alors que la Russie a fait celui de Kazan à Wladivostok, de 9 000 kilomètres, à travers la Sibérie ; que l’Angleterre, maîtresse désormais de l’ancienne Afrique orientale allemande, est en train d’achever son chemin de fer du Cap au Caire, toutes œuvres infiniment plus difficiles et coûteuses que le Transsaharien, pourquoi la France, depuis trente années qu’elle