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militaire, a terminé ses travaux en concluant à ce que l’ancien ministre de la Guerre soit traduit devant une cour martiale.

Nicolas II vient d’approuver cette conclusion.

Dès à présent, le général Soukhomlinow est rayé du Conseil de l’Empire.



Mardi, 21 mars.

L’épopée de Verdun entretient ici, dans toutes les classes, une admiration enthousiaste, dont je recueille chaque jour quelques témoignages directs. Il s’y mêle toutefois un sentiment de plus en plus mélancolique et mortifiant, le sentiment de l’impuissance à laquelle sont réduites les armées russes.

Pour donner une satisfaction à la conscience publique, l’Empereur vient de prescrire, malgré les conditions mauvaises de la saison, une offensive importante au sud de la Dvina, dans la direction de Wilna. Des combats acharnés se succèdent, jour et nuit, entre les lacs Narocz et Vizniew. Les Allemands ont perdu hier quelques villages.

Aujourd’hui, le général Alexéïew adresse au général Joffre le télégramme suivant :

L’ Empereur me charge de vous prier de transmettre au vaillant 20e corps français les sentiments de sa plus vive admiration et de toute son estime pour sa brillante conduite dans la bataille de Verdun. Sa Majesté est fermement convaincue que, sous le commandement de ses vaillants chefs, l’armée française, fidèle à ses traditions glorieuses, ne manquera pas d’amener à merci ses rudes adversaires. De mon côté, je suis heureux de vous témoigner mes sentiments de plus haute admiration pour la vaillance dont l’armée française a fait preuve dans ces difficiles et violentes rencontres. L’armée russe entière suit avec une attention soutenue les hauts faits de l’armée française. Elle lui adresse tous ses vœux de frères d’armes pour la victoire complète et n’attend que l’ordre d’engager le combat contre l’ennemi commun.

Signé : ALEXÉÏEW.



Mercredi, 22 mars.

Je retourne ce soir au Narodny Dom pour entendre Chaliapine dans Boris Godounow, qui est son rôle capital.

Le souffle lyrique de Pouchkine, le génie réaliste de Moussorgsky