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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/203

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LES
« GRANDS JOURS » DE GÊNES


Gênes, le 18 avril 1922.

Je voudrais fixer ici les impressions d’un flâneur curieux, qui connaît un peu l’étranger, lit régulièrement les journaux, mais n’est dans le secret d’aucun des dieux de la politique internationale. Je suis venu à Gênes sans préjugé, et sans enthousiasme : on ne peut jamais prédire d’une Conférence qu’elle sera inutile et qu’il n’en sortira rien de bon, tant est considérable le rôle que joue le hasard dans la politique ; mais il est permis de prévoir les difficultés inhérentes à une entreprise hâtivement conçue, insuffisamment réglée et dont le but dépasse tout ensemble les moyens d’information et les instruments d’exécution dont disposent présentement les Gouvernements de l’Europe.

Dans quelles circonstances fut décidée à Cannes, au mois de janvier, la réunion d’une Conférence internationale, en vue de préparer un plan européen de reconstruction économique, on n’a pas encore eu le temps de l’oublier. De cette réunion, dont il n’avait pas eu l’initiative, le Gouvernement français apercevait clairement les dangers. Il s’employa, avec habileté et énergie, à en écarter quelques-uns ; ce fut le résultat de l’entrevue de Boulogne. Le 25 février, MM. Lloyd George et Poincaré tombaient d’accord sur la nécessité de mettre préalablement hors de discussion un certain nombre de points importants : aucun débat ne pourrait être institué, ni sur les traités de paix, ni