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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/204

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sur la question des réparations, ni sur celle du désarmement ; aucun accord ne pourrait être conclu avec le Gouvernement des Soviets, si celui-ci ne reconnaissait pas les dettes contractées par les Gouvernements russes antérieurs ; la République des Soviets ne serait reconnue par les Puissances alliées comme Gouvernement de droit, que lorsqu’elle aurait donné des preuves de sa sincérité et de sa volonté de remplir les obligations qui lui incombent.

On peut supposer que la conversation de Boulogne fut aussi laborieuse que cordiale : il s’agissait de rapprocher deux points de vue fort différents. M. Lloyd George invoquait la nécessité, pour l’Angleterre industrielle et commerçante, de réorganiser sans plus attendre les échanges avec l’Europe orientale ; M. Poincaré faisait valoir les droits et les intérêts acquis par la France en Russie, et la nécessité, non moins impérieuse pour elle, de les réserver. Il était inévitable que cette différence, entre les points de vue anglais et français, se manifestât avec plus ou moins d’éclat au cours des délibérations de Gênes ; inévitable aussi que les Allemands et les Russes fussent tentés d’en tirer parti. En venant à Gênes, la France, plus peut-être qu’aucune autre nation d’Europe, témoignait de son esprit de solidarité et de sa volonté sincère de coopérer au rétablissement de la paix européenne.


AU PALAIS DE SAINT-GEORGES

Trente-quatre Gouvernements ont répondu à l’invitation adressée par l’Italie. Plusieurs jours avant la date fixée pour l’ouverture de la conférence, d’innombrables délégués, experts, secrétaires, interprètes, se sont abattus sur la Riviera italienne. Gênes ne saurait contenir à elle seule toute cette population nouvelle ; déjà elle a reçu une garnison extraordinaire d’environ vingt-cinq mille hommes, entre carabiniers, gardes royales, hussards et dragons. Le Gouvernement italien a jugé cette force nécessaire pour assurer, soit le service d’ordre, soit le service d’honneur. Mais les délégations étrangères, qui ne pouvaient pas toutes être convenablement installées dans la ville, n’ont eu que l’embarras du choix, entre tant d’hôtels luxueux et d’agréables villas qui s’échelonnent le long de la côte, à l’Est et à l’Ouest