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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/205

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de Gênes. L’Autriche, la Bulgarie, la Pologne et l’Espagne sont à Nervi ; le Danemark, la Norvège et la Hollande à Pegli ; les Yougoslaves à Santa-Margherita ; la Grèce et les États baltiques à Rapallo ; c’est aussi à Rapallo qu’on a logé la délégation bolchéviste : MM. Tchitchérihe, Joffe, Litvinoff, Krassine et leur suite occupent les plus beaux appartements de l’hôtel Impérial. En rade de Rapallo, un croiseur italien stationne, pour la surveillance et pour la protection des délégués de Moscou.

Les missions française et britannique occupent, à l’intérieur de la ville, deux hôtels spacieux, le Savoia et le Miramare ; mais on a réservé aux délégués eux-mêmes, dans les environs immédiats, des villas particulières : M. Barthou, du haut de la villa Raggio, domine la ville et le port ; M. Lloyd George a préféré s’installer au bord de la mer, et occupe, à Quarto del Mille, la villa De Albertis.

Cette dispersion n’est favorable, ni à l’entretien des rapports fréquents et rapides entre les diverses missions, ni même à la bonne organisation des travaux de la Conférence. Les journalistes italiens et étrangers ne sont pas les derniers à s’en plaindre : la chasse aux nouvelles et aux interviews, si facile à Cannes ou à Spa, est devenue à Gênes un sport exténuant, qui requiert pour le moins autant de résistance physique que de patiente ingéniosité.

Le 10 avril, dès les premières heures de la matinée, les troupes italiennes gardent militairement toutes les voies qui conduisent des diverses localités où résident les délégations, au Palais de Saint-Georges, où doivent être inaugurés solennellement les travaux de la Conférence. Le long de la route qui mène de la villa Raggio à Gênes, on rencontre un carabinier tous les dix mètres. Les rues où le public ne doit pas pénétrer sont barrées par des cordons de gardes à cheval. A l’usage des délégués russes, on a aménagé une voie ferrée, qui aboutit en face du Palais ; une palissade toute neuve dérobe le « convoi bolchéviste » aux regards curieux de la foule ; l’austérité de cette clôture est corrigée par quelques faisceaux de bannières italiennes que retiennent des écussons aux armes de la maison de Savoie. Toute la ville est pavoisée, discrètement, aux seules couleurs de l’Italie et de la commune de Gênes.

A trois heures exactement, la séance est ouverte devant les délégués, les experts et le public assemblés dans la Salle des