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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/69

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Philippe Pageyran à Renaud Dangennes.


Thiviers, septembre 1897.

Ta lettre m’inquiète par son imprécision plus encore que par la nouvelle qu’elle m’apporte. Anne-Marie est malade ? Mais comme nous le sommes tous, n’est-ce pas, de temps en temps ? Les bonnes gens de mon enfance racontaient que septembre, de même que mars, se plaît à nous gratifier d’indisposition passagères. Ecris-moi vite que l’indisposition d’Anne-Marie n’est pas autre chose, qu’elle est même chose terminée au moment où tu lis ces lignes, et que tu fêtes dans une intimité bien quiète le premier anniversaire de votre réunion.

PHILIPPE PAGEYRAN.

P -S. — Ton télégramme m’a fait rouvrir cette lettre vaine. Je suis atterré. Je me demande, malgré ton télégramme, si je ne rêve pas quelque affreux cauchemar d’une fatalité antique. Nous arrivons tous. Morte !… Ah ! mon pauvre ami ! mon pauvre ami !

P.


Georges Tréval à Renaud Dangennes.


Fontainebleau, septembre 1897.

Cher monsieur et ami,

J’ai éprouvé la plus douloureuse surprise à l’annonce du malheur qui vous accable. Il est sans consolation. Il retentit dans tous ceux qui vous connaissent et qui ont connu Mme Dangennes. Nous sommes tous en deuil, mon cher Dangennes, et réunis autour de votre deuil, qui absorbe dans sa grande ombre les nuances par où certains ont pu s’opposer à vous. J’espère que vous ne doutez pas de ma sincérité, et que vous me croyez, comme je suis, profondément vôtre.

GEORGES TREVAL.