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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/741

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Oh ! j’entends bien ! C’est la Serbie qui, la première, avait été victime de l’Autriche ; puis l’Italie, la Roumanie, la Pologne, la Tchéco-Slovaquie, tous ces peuples dont les Habsbourg n’avaient su ni organiser l’indépendance, ni reconnaître les droits, avaient tiré l’épée pour s’affranchir. Et j’imagine que personne chez ces divers peuples, qui furent nos frères de combat et de souffrances et auxquels nous demeurons fidèlement attachés, ne pourrait se méprendre un instant sur le sens de mes paroles.

Ce que je veux dire, c’est que, après avoir eu la stupeur d’entendre les Allies consacrer et ratifier juridiquement, dans la Galerie des glaces de Versailles, l’unité germanique, nous ne saurions laisser rompre encore davantage à notre détriment, comme au détriment des peuples qui viennent de conquérir leur liberté, le fragile équilibre établi par les traités récents ; c’est que, dans leur intérêt comme dans le nôtre, nous devons assurer la vie et l’indépendance de la République autrichienne.

Le jour de l’armistice, je rappelais ce mot de M. de Flotow en 1914 : « Nous gagnerons la guerre ; mémo si nous ne la gagnons pas, nous la gagnerons encore parce que nous annexerons les Allemands d’Autriche. » Et, lorsque je demandais à nos négociateurs quelles garanties ils avaient prévues contre ce mortel péril, ils me répondaient : « Le Conseil de la Société des Nations devrait être unanime : donc la voix de la France suffirait pour empêcher l’annexion ! » Voilà, n’est-il pas vrai, de quoi nous rassurer, alors surtout qu’on n’avait pas suivi les sages conseils de notre éminent président qui demandait pour la Société des Nations une force coercitive !

Les représentants de la nouvelle République danubienne nous disant : « Pas un seul des ministres des Affaires étrangères de la monarchie austro-hongroise depuis le dualisme, depuis 1867, n’est sorti de chez nous ; pendant de longues années, l’Autriche-Hongrie a été presque exclusivement représentée à l’étranger par des diplomates hongrois, polonais ou tchèques. Et ils nous demandent de les aider à empêcher l’annexion ! Comment ? En leur faisant des avances, — et je trouve extrêmement regrettable qu’ici la France se soit laissé devancer par l’Angleterre, l’Italie et la Tchéco-Slovaquie, — et en appliquant pour la première fois l’article 1 !)T du traité de Saint-Germain, en vertu duquel il appartient à la Commission