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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/746

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que le faux calcul de leurs gouvernants a entraînés contre nous et qui voudraient un accès à la mer Egée

Cette grande politique de la France en Orient, à laquelle nous-mêmes, hélas ! avons porté parfois de terribles coups, il faut la reprendre et poursuivre notre mission à la fois française et humaine. Comment admettre que notre situation là-bas soit moins forte après nos éclatantes victoires qu’elle ne l’était en 1871 après nos défaites ? Partout où brillent nos couleurs, partout où résonne notre langue, nous devons défendre nos gloires héréditaires et ceux dont la France depuis des siècles a été la patrie morale.


LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

Mais, messieurs, pour accomplir ces grandes taches, avons-nous dans les mains les instruments nécessaires ? Voilà la question qu’en terminant je voudrais examiner avec vous.

Il est impossible, à mon sens, de conduire désormais, comme elle doit l’être, notre politique extérieure sans redresser, en quelques points, l’organisation de nos pouvoirs publics.

Les auteurs de notre Constitution avaient voulu, avec raison, éviter le retour du pouvoir personnel, cause première de nos malheurs, mais ils ne l’avaient prévu qu’à la présidence de la République, non ailleurs.

Or, un pouvoir qui n’est pas inscrit dans la loi, la présidence du Conseil, a dévoré peu à peu tous les autres pouvoirs. Il a tout annihilé, tout paralysé, présidence de la République, présidence des Chambres, ministres. Assemblées même, qui, dans le plus grand drame de l’histoire, n’ont pu qu’enregistrer les faits accomplis.

Pendant la guerre et pendant les négociations qui l’ont suivie, la France avait à sa tête un homme à l’esprit pénétrant, à la vie droite et laborieuse, venu de ces marches de l’Est qui, pendant des siècles, ont été foulées par les invasions. Et aussi de sa Lorraine il avait la prudence, il avait le patriotique souci de ne pas troubler l’esprit public en révélant à la France en présence de l’ennemi ce dont il était le témoin. Il voyait tout, il savait tout, et il ne pouvait rien ; il assistait, spectateur impuissant, à un drame qu’il ne pouvait empêcher, et, depuis lors, il a écrit de remarquables articles pour expliquer après coup sa