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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/899

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front continu avec des ailes appuyées à un territoire neutre ou à la mer, ces forces devront constituer des groupes, qui laisseront entre eux des intervalles, et, à leurs ailes, des espaces libres. Vers ces intervalles et ces espaces libres tendra la manœuvre, qui cherche toujours à atteindre les points faibles de l’adversaire, ses flancs, ses arrières. Pour y pénétrer, ou inversement, pour les masquer, il faut une arme rapide.

Rapidité, mobilité, capacité manœuvrière sont l’apanage de la cavalerie.


II. — PENDANT LA GUERRE DE POSITION (1915-1918)

Dès le mois d’octobre 1914, la guerre de mouvement se termine. Le front, de part et d’autre, a atteint un obstacle infranchissable : la mer.

Des tranchées, des fils de fer, des mitrailleuses permettent à l’action de se stabiliser, et les opérations subissent un temps d’arrêt, pour laisser à l’industrie le temps de créer de nouveaux moyens d’offensive. Mais, pendant que ce matériel se construit, les organisations se renforcent, si bien que, pendant trois ans, toutes les attaques viennent se briser sur les fronts défensifs : celles de l’Artois et de Champagne en 1915, celle de la Somme en août 1916, et du Chemin des Dames en avril 1917, comme aussi celle des Allemands sur Verdun.

Sans succès, pas de brèche dans le dispositif ennemi, pas d’exploitation possible : la cavalerie n’a pas à intervenir. Et une conclusion prématurée, chose bien compréhensible, est tirée de ces expériences douloureuses : « dans la guerre moderne, croit-on, le front bordé de feux est désormais inviolable. La cavalerie, dont on n’aura plus l’emploi, est désormais sans utilité. »

Les Allemands, en 1918, devaient par deux fois, en mars et en mai, se charger de démontrer que l’attaque pourvue d’un armement mis au point, est encore comme jadis, plus forte que la défense, et qu’un front peut être toujours rompu.

De 1915 à 1917, période de transition où les armées se transforment, pour donner leur effort décisif, quatre divisions de cavalerie sont supprimées, afin de donner leurs effectifs et leurs cadres à l’infanterie, leurs chevaux à l’artillerie.

Les cavaliers des six divisions restantes, mettant pied à terre, participent à la garde des tranchées. Leur armement se perfectionne :