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n’a pas dix pieds carrés. À l’Ouest, sous l’auvent, au-dessus des dernières feuilles des bambous, je vois, de mon lit, surgir la montagne blanche. Mais les nuages qui planent au loin sur ses pics font honte à un visage enfoui dans la poussière du monde. »


ÉCRIT COMME GOUVERNEUR DE SOU-TCHEOU

« Le palais officiel, et non pas mon propre foyer ! Le jardin officiel et non pas mes arbres ! Pourtant, à Lao-Yang, j’ai une petite maison, et sur le bord de la rivière Wei, je me suis fait une hutte au toit de chaume. Je ne suis pas dans les liens du mariage, ni ne songe à m’y engager. Si je me décide à me retirer, j’aurai où finir mes jours. Quoique j’aie trop différé et que le moment soit passé depuis longtemps, mieux vaudrait goûter la retraite à présent, que de ne jamais la connaître. »


ADIEU AU PEUPLE D’HANG-TCHEOU

« Les anciens et les officiers bordent la route de mon départ. Le potage et le vin chargent la table du repas d’adieu. Je ne vous ai pourtant pas gouvernés avec la sagesse de Chao-Kong. Pourquoi versez-vous donc tant de larmes ? Mes impôts étaient lourds, quoique une grande partie du peuple fût pauvre. Les fermiers avaient faim, car la sécheresse était fréquente. Tout ce que j’ai fait, ç’a été de bâtir la digue du lac et de vous apporter un peu d’aide, lors d’une mauvaise année. »


MALADIE ET PARESSE

« La maladie et la paresse me font beaucoup de loisir. Lorsque j’en viens à les occuper, je ne puis me persuader d’écarter le pinceau et la pierre à encre. De temps en temps, je fais un poème. Quand il est fini, c’est une chose mince et sans saveur, destinée à faire la risée de tous ; la platitude du mètre mettra les amateurs au supplice : le vulgaire ne pourra souffrir la simplicité des mots. Je me le chante pourtant à moi-même, puis je m’arrête et j’y réfléchis. Le préfet de Sou-Tcheou et celui de Péng-tseu l’auraient peut-être prisé, mais ils sont tous les deux morts depuis longtemps. Aujourd’hui, qui se soucierait