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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/357

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me dit de vous offrir ses services pour régler vos alla ires pécuniaires à Paris ; il y sera incessamment, et passerait à Nemours prendre vos ordres. Il a des capacités en ce genre. Son noviciat de banque pendant trois ans n’a pas été perdu ; vous pouvez vous confier entièrement à lui. Son dévouement vous est tout acquis. Une fois cela réglé, qui vous empêcherait de venir de suite ?... Si votre mère quitte votre appartement, je ne pense pas que vous veuillez garder une cuisinière ; vous n’aurez donc plus de ces soucis de tous les jours qui dévorent ; et, quand vous serez remis à flot, que vous aurez permis à mes mains jaunes, mais caressantes, de calmer votre tête, vous irez vous réchauffer au soleil d’Italie, libre de tous les tracas qui vous auraient empêché de jouir pleinement des délices de tous genres qui vous y attendent.

Car elle vous aime, si elle vous a proposé de s’enfermer avec vous au fond de la province ; et un amour de belle femme est doux, bien doux, au cœur de l’homme artiste qui vit avec l’idéal de la femme.

Une affection vraie est un doux oreiller pour une âme pleine d’amertume. Reposez-vous donc sur moi avec abandon, et croyez bien que je suis heureuse de votre bonheur. Le sort vous doit bien des dédommagements pour une si triste vie. Je trouve que vous avez raison de ne pas aller à Paris, bien qu’à la hauteur où vous êtes, les sottes criailleries de la multitude dussent vous être indifférentes. Cependant, lorsqu’on est autant en évidence, il est fort inutile de forcer désagréablement l’attention. Je me sonde le cœur pour savoir s’il n’y a point d’égoïsme dans cette approbation donnée à votre projet, si la crainte de vous voir perdre de vue votre séjour ici, au milieu de ce tourbillon enivrant, ne me la dicte pas ; mais non ; moi à part, je crois que vous faites bien. Vous travaillerez, quand et comme vous le voudrez. Mme Larréguy est, à ce qu’on dit, une femme distinguée ; vous pouvez avoir quelques soirées à Angoulême. Ma vieille calèche sera tout à fait à vos ordres. Il y a dans cette ville un cercle tout carliste sur lequel vous pourrez compter, et pour lequel aussi vous serez, en cas d’élection, une providence.

Mon Dieu ! vous me faites regretter la fortune, et j’ai de l’ambition depuis que je vous sais si malheureux. Que n’ai-je trente mille francs à mettre à votre disposition ! Votre cœur ne serait jamais déchiré de reproches financiers. Mais, puisque cette