Le 3 juin 1880, à huit heures du matin, l’impératrice Marie-Alexandrowna s’éteignit doucement. Depuis près d’un mois, la pauvre créature ne respirait plus : elle soupirait à peine. Un léger effort de toux lui arracha son dernier souffle. Ce fut si insensible et si rapide, qu’on n’eut même pas le temps d’appeler ses enfants auprès d’elle. Quant à l’Empereur, il se trouvait à Tsarskoïé-Sélo.
Quatre jours plus tard, la frêle dépouille de la Tsarine, fut transférée du Palais d’hiver à la cathédrale de la Forteresse, avec toute la pompe archaïque et majestueuse des obsèques impériales. Selon l’usage, Alexandre II et ses fils portèrent eux-mêmes le cercueil depuis le parvis de l’église jusque sur le catafalque. Puis, dans l’essor émouvant des hymnes, le métropolite de Saint-Pétersbourg commença la grandiose liturgie, le sombre et divin mystère de la messe funèbre.
Quelles pensées occupèrent alors l’esprit de l’Empereur ? Et quelle place y tenait la mémoire de la défunte, dont le misérable visage squelettique se dessinait pour la dernière fois devant lui,