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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/906

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Notons que celui qui s’exprime ainsi est un syndicaliste convaincu, qui a fait de la Fédération du livre l’association ouvrière la plus puissante et la plus homogène.

Dès que les Allemands se sont trouvés en face des réalisations, ils ont constaté cette incapacité des ouvriers à remplir le rôle auquel ils prétendent. Nous avons dit à propos de la loi sur les Conseils d’entreprise que les syndicats avaient organisé des écoles pour leur instruction.

Cette ignorance n’est que le moindre obstacle au fonctionnement des Conseils. Il sera plus difficile de transformer l’âme des ouvriers que de les instruire. Jusqu’à présent, malgré les avertissements qu’ils ont reçus quelquefois de leurs dirigeants, ils ne veulent pas comprendre la nécessité de collaborer avec le patronat. Trop d’entre eux sont des nomades et en ont l’état d’esprit. Comment un manœuvre qui n’est dans une usine qu’en passant et se réserve de la quitter du jour au lendemain pour aller travailler dans une autre prétendrait-il imposer sa manière de voir dans cette usine ?

Tant que les ouvriers resteront imprégnés de l’esprit d’antagonisme contre le capital, il sera impossible de les faire concourir à la direction d’un système de production qu’ils veulent détruire. En vain affecteront-ils d’accepter que les attributions des Conseils soient limitées. Ils n’y verront qu’un moyen de combat et essaieront de les utiliser pour exproprier le capital. Ne parlons même pas de la tragique expérience russe. On pourrait dire que des ouvriers occidentaux, avec leur degré supérieur de civilisation, ne tomberont pas dans les excès du bolchévisme moscovite. Mais regardons tout près de nous, dans le Luxembourg. En octobre 1920, le Gouvernement grand-ducal, cédant à la pression des syndicats, décidait la création de Conseils d’usine. Six mois après, des troubles s’élevaient dans une usine métallurgique à la suite d’un conflit entre le Conseil et la direction. Dans toute l’industrie, les Conseils appuyaient le mouvement révolutionnaire et dans certaines exploitations s’emparèrent des mines et des usines, déclarées propriétés ouvrières