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sible devant l’envahisseur ; vos noms passeront à la postérité et seront l’objet d’une des plus belles pages de l’histoire de notre pays. Déjà les trompettes célestes claironnent, et les cloches solennelles retentissent annonçant, ô mes deux braves compatriotes, que vous êtes morts en martyrs pour la cause sacrée de la liberté et du droit. J’entends les Belges clamer votre bravoure, votre héroïsme et la beauté de vos gestes sublimes, je les entends s’écrier sous la voûte du ciel et du fond de leurs entrailles que deux héros sont morts pour la Patrie, fusillés par des mains impies.

Ô chers compatriotes, maintenant vous dormez en paix votre sommeil éternel dans cet immense tombeau qu’est la terre et qui contient tant de Belges glorieux. La couronne des héros est descendue sur vous et, désormais, le vent chantera sur votre tombe l’hymne sacré de la gloire.

Enfermé dans ma cellule abhorrée, dans ma lugubre caverne, je vous crie un dernier adieu ; oui adieu, chers Compatriotes, qui êtes parmi la fleur et l’élite des champions qui combattent pour le Droit et la Liberté. Adieu, chers compatriotes, dont le souvenir immortel est gravé à jamais dans nos mémoires…

Dimanche, 26 septembre.

Je lis avec assiduité le journal, afin de connaître les nouvelles de la guerre. Les Russes remportent des succès, les Français et les Anglais s’apprêtent à faire un mouvement important, ils bombardent avec vigueur les positions allemandes. Voyez-vous qu’on me fasse la blague de venir me délivrer avant d’être jugé ? Eh ! là-bas, ne nous embarquons point dans ces rêves chimériques ; rien n’est impossible, mais c’est trop beau.

Lundi, 27 Septembre.

Le communiqué allemand concernant la situation au front de l’Ouest est très laconique, et je crois pouvoir en déduire que la grande offensive franco-anglaise a commencé. Il reconnaît que les Anglais ont marché de l’avant, le matin du 25 septembre ; leur attaque sur l’aile nord a déjà été repoussée, après un combat corps à corps devant et dans les positions allemandes. Il résulte de cela, pour qui sait lire entre les lignes, que l’offensive n’est pas enrayée. D’autre part, je lis : « Les Anglais ont attaqué au Nord-est et au Sud-est d’Armentières, et au Nord du canal de la Bassée, en se servant de bombes et de gaz asphyxiants. »