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Page:Revue des Deux Mondes - Table générale - 1831-1874.djvu/15

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V
INTRODUCTION.

sur ces divers sujets dès avant 1867 témoignent des efforts qu’elle a tentés pour mettre en garde la politique française contre les fautes et les entraînemens qui ont abouti à la guerre de 1870. Nous citons cet exemple ; nous le rappelons avec tristesse. Par des investigations approfondies et répétées, une revue peut ainsi préparer l’examen des grandes questions internationales. Observer les traditions et les mœurs, reconnaître les affinités qui rapprochent les peuples et les contrastes qui les séparent, démêler dans chaque pays les intérêts permanens et les penchans accidentels, rechercher dans la littérature, dans les tendances philosophiques et jusque dans les disputes religieuses la raison et l’enchaînement des faits, telle est la pensée qui a paru devoir se réaliser au moyen des monographies insérées dans la Revue. On nous excusera d’avoir insisté sur l’utilité incontestable, sur le mérite de ce genre de travaux qui répond aux besoins les plus essentiels de notre pays et de notre temps. La France ne se connaîtra bien elle-même qu’à la condition de connaître, mieux qu’elle ne l’a fait jusqu’ici, les pays étrangers, car tout est concurrence, tout est progrès, et pour une nation qui ne se tiendrait pas au courant des choses extérieures, la concurrence et le progrès universel créeraient les plus graves périls.

Les événemens de 1870 et de 1871 auraient pu compromettre la publication même de la Revue. Grâce au dévoûment de ses collaborateurs et malgré tous les embarras matériels, elle a continué à paraître régulièrement pendant les deux siéges de Paris. Plus d’un article a été écrit dans les tranchées sous le feu de l’ennemi. La Revue croit avoir été l’interprète fidèle des sentimens patriotiques qui animaient la population parisienne. Tout était alors à l’action et au combat. Les livraisons de cette période fourniront d’amples matériaux à l’histoire du premier siége. Elles relatent les moyens de défense, l’organisation ou plutôt l’improvisation des forces militaires, l’alimentation, les communications aériennes, et en même temps l’état moral de la grande ville assiégée. Quels souvenirs !… La Revue a dû ensuite subir la commune. De même que les plus honorables organes de la presse conservatrice et libérale, elle a protesté contre l’odieux et ridicule simulacre de gouvernement qui s’était installé à l’Hôtel de Ville. Quelques-uns de ses rédacteurs furent recherchés pour avoir courageusement exprimé l’indignation de tous les honnêtes gens, et elle mérita d’être supprimée par la commune peu de jours avant que l’armée de Versailles vînt délivrer Paris. Sa publication ne fut pas interrompue, et toutes les livraisons parurent exactement à leur date.

En remontant ainsi à l’origine de la Revue des Deux Mondes, en rappelant les efforts tentés et les résultats obtenus, on ne saurait oublier ce qu’il y eut de difficultés dans l’organisation première et dans le développement d’une œuvre qui ne pouvait vivre que par le concours de tant de talens et de tant de dévoûmens. La direction de la Revue avait