Page:Revue des Romans (1839).djvu/305

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en groupes, et peu à peu se disperse pour aller, chacun suivant les goûts de son âge, jouir des plaisirs ou des douceurs du jour du repos. Ce spectacle, que le génie de Goëthe a sur rendre ravissant, calme pour un instant l’imagination et le cœur de Faust. Mais bientôt, de retour dans son laboratoire, il retombe en proie à ses turbulentes pensées, à ses désirs, à ses regrets, et, de plus, au diable Méphistophélès, qui s’introduit chez lui sous la forme d’un gros chien barbet. Une lutte à outrance s’engage entre le magicien et le démon ; le docteur succombe et fait un pacte avec le diable, par lequel ce dernier s’engage à être à son service dans ce monde, à charge de revanche dans l’autre. — À partir de là, ce ne sont plus que prestiges, maléfices, débauches, crimes et catastrophes terribles. Faust, métamorphosé, par la puissance du démon, en un jeune et beau cavalier, séduit et déshonore une pauvre fille nommée Marguerite, puis l’abandonne, après avoir tué son frère traîtreusement en duel. Plus tard, après une année environ d’entr’acte, on apprend, de la bouche même de cette jeune fille, qu’ainsi délaissée dans le désordre, elle a causé la mort de sa mère, s’est rendue coupable du meurtre de son enfant, et a été condamnée au dernier supplice. Actuellement elle gémit dans un cachot, en proie au délire des remords, de la terreur, et encore de son fol amour. Cependant Faust, en qui tout sentiment humain n’est point étouffé, a exigé de Méphistophélès qu’il lui ouvrît les portes de la prison, et fît tomber les fers de Marguerite. L’infortunée peut en ce moment choisir, ou d’une mort ignominieuse, ou de la vie dans les bras de son amant, mais sous la domination du démon. Cette dernière condition la pénètre d’une horreur salutaire ; elle résiste aux instances de Faust et de Méphistophélès qui la presse de les suivre, et expire à leurs yeux, assurée, par la voix des anges, de la miséricorde de Dieu, le matin du jour où elle allait tomber sous les coups de la justice des hommes. — Ce rôle de Marguerite est d’un bout à l’autre ravissant de grâces et du plus déchirant pathétique : on est confondu de voir revêtues de tant de beautés, et de beautés du caractère le plus noble, un amas d’horreurs et de l’espèce la plus ignoble. Le rôle de Faust, à part le galimatias philosophique et satirique, est aussi fort beau.

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GOLDSMITH (Olivier),
né à Pallice, paroisse de Farney, comté de Longford, en Irlande, le 29 novembre 1728, mort le 4 avril 1774.


LE MINISTRE DE WAKEFIELD, trad. attr. à Mme de Moutesson, in-12, 1767 ; idem sous ce titre : le Curé anglais, trad. par Éléonore de Flin-