Page:Revue des Romans (1839).djvu/729

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sur l’ingratitude de son époux et cherchait les moyens de reconquérir son amour, lorsqu’il fut pris dans un combat devant Narbonne. Par le pouvoir de ses charmes, Sathaniel pénètre dans Narbonne, délivre Euric, et la ville est livrée aux Visigoths. Sathaniel accuse Alidah d’adultère avec Firmin, fils de Thorismond, que Théodoric veut associer à son pouvoir pour déjouer les complots d’Euric. Dès que celui-ci a découvert ce secret, il se rend dans la tente royale, trouve Firmin avec le roi, et frappant Théodoric d’un coup mortel, il accuse le fils de Thorismond d’avoir voulu venger son père. Firmin est condamné à mort ; Euric monte sur le trône, et le premier acte de sa souveraineté est de répudier Sathaniel. — Sathaniel est un drame plein d’intérêt, qui anime une histoire merveilleusement recomposée.

LE COMTE DE TOULOUSE (3e partie des romans du Languedoc), 2 vol. in-8, 1834. — La première période de ce roman commence à l’époque où le pape excommunie le comte de Toulouse, et publie une croisade contre les Albigeois, dont Simon de Montfort est le chef. La déroute de Muret et le triomphe de Simon de Monfort à Montpellier et à Toulouse en forment la seconde partie, qui abonde en situations fortes et pleines d’intérêt. Il est, du reste, peu question du comte de Toulouse et des Albigeois ; le livre tout entier est consacré au développement d’une action imaginaire, qui se noue, se déroule et s’accomplit sous l’empire d’une passion terrible, la vengeance, que l’auteur n’abandonne pas à ses propres ressources, mais qu’il a soin de placer sur un théâtre animé, au milieu des fêtes et des guerres. Un défaut capital de ce livre, c’est qu’on ne s’y intéresse à personne ; on n’y rencontre ni un caractère noble et pur, ni une figure attachante ; rien qui repose et qui console de tant de mauvaises passions mises en jeu ; nul personnage que l’on puisse aimer, sur lequel on puisse s’attendrir ; aussi le dénoûment, qui est à grand spectacle, trouve-t-il le lecteur froid et sans émotion.

LE VICOMTE DE BÉZIERS (4e partie des romans du Languedoc), 2 vol. in-8, 1834. — On sait que les deux héros de la guerre sanglante des Albigeois furent Roger, vicomte de Béziers, et Simon de Montfort, tous deux vaillants guerriers ; l’un plein d’un mépris hautain pour ses ennemis et d’ardeur pour la cause qu’il défendait ; l’autre instrument aveugle de l’Église, fanatique jusqu’à la cruauté, et par-dessus tout ambitieux d’honneurs et de biens. En traçant la vie du vicomte de Béziers, M. Soulié a suivi la marche réelle des événements. Tout d’abord, il nous montre ce seigneur jeune, vaillant, insouciant de ses intérêts ; irrité des envahissements de l’autorité du saint-siége, et résolu à dévoiler les intentions perfides de l’Église. Il se rend à cet effet à Montpellier, où il