Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/436

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Les combattants firent un suprême effort et rivalisèrent de souplesse et de vigueur... Au moment où se dressait le taureau, Eabani, par une habile manœuvre, le saisit à la fois par la crinière et la queue, tandis que Gilgamès lui donnait le coup de grâce, en le frappant entre les cornes... Ainsi, Gilgamès et Eabani demeuraient maîtres du champ de bataille ; les projets d’Istar se trouvaient déjoués [1].

Les deux héros, une fois qu’ils eurent abattu le taureau divin, adressèrent d’abord des remerciements à Samas, leur divinité tutélaire, puis, accord touchant, ils s’assirent l’un à côté de l’autre comme deux frères [2].

La déesse, elle, la colère dans l’âme, monta sur le rempart d’Uruk, et, ayant déchiré ses vêtements, fulmina cette imprécation : « Maudit soit Gilgamès qui a osé me contredire ! Maudit soit celui qui a tué le taureau divin [3] !

Eabani, entendant de telles exécrations, ne se contenait plus de rage. Dans sa fureur, il arracha violemment la jambe droite du taureau divin et la jeta à la face de la déesse, avec cette violente apostrophe : « Ah ! si je pouvais te tenir, toi aussi, si je pouvais t’en faire autant ! Certes, j’aurais grande joie à voir la poitrine de cet animal suspendue à ton flanc [4].

Istar, cependant, s’était éloignée en hâte. Déjà, elle

  1. Tab. VI, l. 120-169. — Tout ce passage contenant le récit de la lutte entre Gilgamès et Eabani et le taureau divin est malheureusement mutilé et plein de lacunes. De plus, il semble bien qu’il y ait une interversion dans l’ordre du texte tel qu’il a été fixé par Haupt ; les l. 120-125 ne paraissent pas être ici à leur place.
  2. Tab. VI, l. 170-173.
  3. Tab. VI, l. 174-177.
  4. Tab. VI, l. 178-183.