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Page:Revue fantaisiste numéros 1 à 6, 1861.djvu/160

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riant, pleurant, gesticulant et murmurant : « Elle se fâchera de ma déclaration ! oh ! oui, bien sûr, elle s’en fâchera, les derniers vers sont trop régence :


« Heureux qui, le soir, au théâtre,
Va grossir la foule idolâtre
Que tes appas charment de loin ;
Mais heureux cent fois davantage
L’amant qui pourrait, sans témoin,
T’en montrer le prix et l’usage…
S’il en était encor besoin.»


« Oh ! je vois ici ses grands yeux noirs flamber de colère… Eh bien ! ma foi ! tant mieux ! j’entrerai, bon gré mal gré, chez elle… Elle me donnera des soufflets… et ce sera charmant.

— Monsieur, sauf votre respect, vous avez pour le quart d’heure, quelque chose qui vous chiffonne. »

C’était un vieux bonhomme déguenillé qui m’adressait cette observation.

— Oui, répondis-je, j’ai le cœur tant soit peu chiffonné : vous avez deviné juste.

— C’est mon métier, monsieur, je suis le devin du Montparnasse…, pour vous servir si j’en étais capable. Je dis la bonne aventure, j’explique les secrets du grand et du petit Albert ; j’enseigne le moyen de se rendre invisible et de découvrir des trésors ; ça ne coûte que deux sous.

— Va pour l’anneau de Gygès, dis-je gaiement en jetant dix centimes dans le chapeau du sorcier (chapeau, par parenthèse, luisant comme un astre, et glorieusement troué comme un drapeau d’Austerlitz). Mais, pour que j’aie foi dans vos promesses, si vous me donniez, maître, un gage de votre savoir ? Avant de me parler de l’avenir, si vous me disiez quelques mots du passé ?

— La chose est facile, répondit le commentateur obscur de l’illustre docteur Albert.

Et étalant les cartes sur un piédestal veuf de sa statue :